Des particules fines, issues des incendies qui font rage au Canada, pourraient atteindre le continent européen ces prochains jours et la France, à compter de lundi.De quoi dégrader la qualité de l'air dans les zones touchées. Quels sont les risques pour la santé ? TF1info fait le point.
Un immense nuage de cendres généré par les violents incendies qui touchent actuellement l’est du Canada pourrait atteindre la France dans les prochains jours, met en garde l’Observatoire français des orages et tornades (Keraunos). Les microparticules expulsées dans l’atmosphère "gagnent le centre de l’Atlantique et sont reprises en partie par un front froid abordant la Bretagne. Le flux océanique qui s'installe sera propice à ramener ces fumées vers l'Europe ces prochains jours", alerte l’organisme, qui s'appuie sur des observations satellites, dans un message posté ce dimanche 25 juin sur le réseau social Twitter.
Ces fumées contiennent de nombreux polluants, qui risquent à leur arrivée de dégrader la qualité de l’air dans les zones touchées. "La majorité des polluants va tomber dans l’océan pendant le trajet, car ils sont trop lourds pour arriver jusqu’à nous. Mais on risque d’observer une augmentation de la pollution aux plus fines particules", prévient Charlotte Lepitre, responsable projet chez Atmo France, l’organisme qui fédère les associations agrées de surveillance de la qualité de l’air, contactée par TF1info.
Pour l'instant, il est encore trop tôt pour dire si ce phénomène va entraîner des pics de pollution et où exactement sur le territoire : "La vitesse des vents et les précipitions dans la zone Atlantique Nord peuvent changer la donne sur la quantité de particules qui vont arriver jusqu’à nous", souligne la spécialiste.
Grâce aux stations, on a les données en temps réel et on pourra informer la population si on détecte une hausse des concentrations dans l’air
Charlotte Lepitre, , responsable projet chez Atmo France
Sachant qu’on ne sait pas jusqu’à quand les incendies au Canada vont se poursuivre, "on va devoir être vigilant sur le long terme", reprend Charlotte Lepitre. "Grâce aux stations, on a les données en temps réel et on pourra informer la population en cas de hausse des concentrations détectée dans l’air", rassure-t-elle.
L’inquiétude concerne surtout la santé des plus fragiles (personnes âgées, asthmatiques, enfants…). En raison de leur taille, ces particules sont celles qui rentrent le plus profondément dans notre organisme. De plus, elles agissent aussi au niveau des pollens en décuplant leur sensibilisation allergisante.
Les personnes allergiques risquent d’être touchées d’autant plus. "On a eu des épisodes de pollution aux particules fines, de pic d’ozone, de pollens... Ça fait deux mois que ça dure, et les voies respiratoires fatiguent", souligne cette spécialiste de la pollution de l'air. De quoi entraîner des problèmes asthmatiques, mais aussi d’infection des voies respiratoires, voire de maladies respiratoires chroniques. Ces particules peuvent passer les barrières sanguines et ensuite s’accumuler dans les organes vitaux, ce qui peut aussi provoquer des problèmes plus graves sur le long terme, comme des AVC ou des maladies neurologiques.
L'Irlande et le Royaume-Uni sur la trajectoire du nuage
Cet épisode de pollution atmosphérique devrait toutefois être perceptible surtout au nord de l'Europe. "Attendez-vous à un ciel brumeux et à des levers/couchers de soleil vibrants à cause de la fumée en altitude - avec la concentration la plus épaisse susceptible de se déplacer sur l'Irlande et le Royaume-Uni. La majeure partie de la fumée devrait rester confinée à haute altitude, mais toute fumée qui parvient à se mélanger pourrait entraîner une réduction locale de la qualité de l'air", explique sur Twitter Nahel Belgherze, qui observe les changements météorologiques, cité par nos confrères du journal Le Figaro.
Le Canada vit une année sans précédent, avec plus de 7,4 millions d’hectares brûlés depuis le début de l’année. Actuellement, 470 feux actifs, dont 244 hors de co ntrôle, ont été recensés sur l’ensemble du pays, selon le Centre interservices des feux de forêt du Canada (CIFFC). Début juin, la fumée des incendies canadiens avaient provoqué des alertes à la pollution de l’air dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui avait perturbé la vie de millions d’Américains. Des vols avaient été retardés dans de nombreux aéroports pour cause de visibilité réduite, et les masques avaient fait leur réapparition dans les rues.