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Les 10% les plus riches polluent-ils quatre fois plus que les 50% les plus pauvres ?

Publié le 11 février 2022 à 16h26
Le transport contribue de manière significative aux émissions supérieures des classes les plus aisées.
Le transport contribue de manière significative aux émissions supérieures des classes les plus aisées. - Source : Illustration Jetlinerimages via iStock

Soutien de Yannick Jadot, l'écologiste Eric Piolle estime que la question de l'énergie doit aussi être abordée sous un angle social.
Il affirme que les 10% les plus fortunés émettent quatre fois plus de gaz à effet de serre que les 50% les moins riches.
Un chiffre issu d'un récent rapport diligenté par un collectif de chercheurs en sciences sociales.

Le maire de Grenoble, Eric Piolle, invité ce vendredi sur France Info, a tenu à insister sur la dimension sociale qui entoure les questions relatives à l'énergie. Nos modes de consommation doivent être à ses yeux repensés, sans occulter le fait que nous ne sommes pas tous égaux à cet égard. Il pointe ainsi la responsabilité majeure des populations les plus favorisées.

"Les 10% de la population les plus fortunés émettent quatre fois plus de gaz à effet de serre que les 50% les moins fortunés", a lancé l'élu écologiste, soutien de Yannick Jadot pour l'élection présidentielle. Tiré d'un récent rapport, ce chiffre met en lumière des inégalités assez rarement évoquées.

La consommation d'énergie explose chez les plus riches

De rapides recherches permettent d'identifier la source des données avancées par Eric Piolle. Il s'agit en effet de chiffres issus d'un récent rapport "sur les inégalités mondiales", dans sa mouture 2022. Derrière ces travaux, un collectif de chercheurs en sciences sociales, le World Inequality Lab, au sein duquel figure notamment un certain Thomas Piketty. 

Comptant comme partenaire scientifique le Programme des Nations unies pour le développement, ce groupe d'experts explique en préambule que "chaque année, les gouvernements du monde entier publient les chiffres de la croissance économique", sans pour autant indiquer "comment cette croissance est répartie au sein de la population". Cela empêche, écrivent les auteurs, de déterminer "qui sont les bénéficiaires et les laissés-pour-compte des politiques économiques"

Le rapport complet, de presque 240 pages, quantifie les inégalités et se penche sur l'impact des niveaux de richesse sur les émissions de gaz à effet de serre. À l'échelle de la planète, "les 10% des plus gros émetteurs sont responsables de près de 50% des émissions, tandis que les 50 % du bas de la distribution n’en produisent que 12%". Une corrélation s'observe avec le niveau de vie puisqu'en 2019, les 10% les plus riches à l'échelle mondiale auraient émis 24 milliards de tonnes de CO2, contre "seulement" 6,1 milliards de tonnes pour les 50% les moins aisés. On retrouve un rapport très proche de 1 à 4, tel qu'évoqué par Eric Piolle.

Si l'on se penche sur les 1% d'habitants les plus riches, on constate que les émissions demeurent plus élevées que pour les 50% les plus pauvres. De manière générale, les auteurs mettent en lumière un lien très clair entre croissance des richesses et hausse des émissions. Si cela vaut à l'échelle mondiale, des fiches thématiques par pays permettent d'observer que cela s'applique tout autant en France. L'écart se révèle d'ailleurs encore plus élevé puisque dans l'Hexagone, les 10% les plus aisés de la population émettent en moyenne près de cinq fois plus de gaz à effet de serre que les 50% les moins favorisés. 

En marge de la présentation de leurs résultats, les chercheurs ont décrit leur méthodologie. Et insistent par exemple sur le fait que "les émissions sont mesurées en équivalent dioxyde de carbone (CO2e) provenant de toutes les activités humaines (y compris les émissions domestiques et de production, les investissements privés et publics, la déforestation et le changement d'affectation des terres)". Ils ajoutent que les émissions comptabilisées "comprennent le carbone et les autres gaz à effet de serre incorporés dans les importations de biens et de services en provenance d'autres régions, déduction faite de l'impact de ces importations, et de services provenant d'autres régions, déduction faite des exportations"

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Thomas DESZPOT

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