PAROLE PAROLE... - Un rapport publié ce jeudi par les ONG Oxfam et les Amis de la Terre accuse quatre grandes banques françaises d'aller, malgré leurs promesses, à l'encontre des objectifs de l’Accord de Paris en finançant massivement les énergies fossiles. Leur empreinte carbone serait quatre fois plus élevée que celle de la France.
Après la signature de l'Accord de Paris en 2015 par 175 pays, les banques françaises s'étaient engagées publiquement à réduire leurs financements aux énergies fossiles. Quatre ans plus tard, ces promesses n'ont toujours pas été suivies d'actes concrets. Selon un rapport publié ce jeudi par Oxfam et Les Amis de la Terre à la veille du "Climate Finance Day", les principaux établissements allouent toujours d'importantes sommes d'argent au secteur du charbon, du gaz ou du pétrole. Un choix qui les amène à produire "plus de quatre fois les émissions de gaz à effet de serre de la France entière".
Les deux ONG appellent le gouvernement à "prendre ses responsabilités". "Au nom de l'intérêt collectif, imposer une régulation financière serait un signal fort afin de limiter les impacts humains et de prévenir un risque de crise financière majeur dû aux changements climatiques", affirment-elles en préambule de ce document.
Les émissions de gaz à effet de serre de la BNP près de deux fois plus élevées que celles de la France
"En 2018, les émissions de gaz à effet de serre issues des activités de financement des quatre principales banques françaises – BNP Paribas, Crédit agricole, Société générale et BPCE – dans le secteur des énergies fossiles ont atteint plus de 2 milliards de tonnes équivalent CO2, soit 4,5 fois les émissions de la France", dénoncent les auteurs du rapport. De ces quatre établissements, la BNP se trouve être celui qui a le plus fort impact sur l'environnement, suivie du Crédit agricole, de la Société générale et de la BPCE.
Total financé à plus de 5,6 milliards d'euros par les banques en 2018
Pour évaluer leur empreinte, les ONG ont pris en compte l'ensemble des transactions financières réalisées par celles-ci en direction d'entreprises actives dans les énergies fossiles en 2018. Parmi elles figure le groupe énergétique allemand RWE, dont les centrales à charbon émettent "plus de 100 millions de tonnes de CO2 par an, soit l’équivalent des émissions cumulées de la Suède, de la Suisse et du Portugal", dénonce le rapport. Selon ses auteurs, BNP Paribas et Société Générale ont participé début 2019 à un financement de 5 milliards d’euros. Cheniere Energy, société énergétique dont l'activité principale est liée au gaz naturel liquéfié, aurait elle reçu 588 millions et 252 millions d’euros de financement de la part de la Société Générale et du Crédit Agricole entre 2013 et 2015. "Ces prêts, qui courent encore aujourd’hui, ont été responsables en 2018 de 565.000 tonnes équivalent CO2 pour Société Générale, et 219.000 tonnes équivalent CO2 pour Crédit Agricole", précisent les ONG. Enfin, les quatre banques visées dans le rapport auraient aussi investi plus de 5,6 milliards d'euros chez Total en 2018, ce qui aurait engendré l'émission de "18 millions de tonnes équivalent CO2, soit l’équivalent de l’empreinte carbone de 5,6 millions de voitures à essence".
Selon les ONG, l'empreinte carbone de ces banques est néanmoins sous-estimée dans leur rapport, notamment en raison de l'inaccessibilité des montants de certains financements, ou encore "du manque de transparence des entreprises quant à leur empreinte carbone". Ainsi, les émissions de gaz à effet de serre n’ont pas pu être attribuées pour plus de 40% des prêts, estiment Oxfam et les Amis de la Terre.
Des engagements, mais pas suffisants pour les deux ONG
Le 22 novembre dernier, BNP Paribas a entre autres annoncé l'arrêt complet, en 2030, de ses financements du secteur du charbon thermique dans l’Union européenne (UE) et, en 2040, pour le reste du monde. Le Crédit Agricole, lui, prévoit de mettre fin à ses soutiens à des entreprises charbonnières d’ici à 2030 pour les pays de l’OCDE, d’ici à 2040 pour la Chine et d'ici à 2050 dans le reste du monde. La politique de la Société Générale vis-à-vis du charbon reste en revanche très floue, précisant qu'elle "réduira progressivement à zéro son exposition au secteur du charbon thermique, au plus tard en 2030 pour les entreprises ayant des actifs dans les pays de l'UE ou de l'OCDE et d'ici 2040 pour le reste du monde". Enfin, la BPCE ne prévoit que l’exclusion des entreprises fortement actives dans le secteur du charbon, soit exposées à plus de 25%.
Malgré "des pas dans la bonne direction", Oxfam et les Amis de la terre estiment que "le rythme de marche est bien trop inégal et lent pour répondre aux objectifs de l’Accord de Paris". Elles appellent donc l'État légiférer dès 2020 pour garantir un alignement des banques françaises avec l’objectif de limiter l’augmentation de la température globale à +1,5 °C.
Très concrètement, on arrête de financer Air France, Renault et Peugeot ? Ou est-ce qu'on les accompagne en finançant des voitures et des avions électriques ?
Frédéric Oudéa, président de la Fédération bancaire française, à Europe 1 ce jeudi
En réaction, le président de la Fédération bancaire française Frédéric Oudéa a contesté sur Europe 1 ce jeudi la validité et les méthodes de ce rapport, affirmant que "les banques françaises [étaient] les premières [au monde] engagées dans cette transition" et soulignant que quatre banques de l'Hexagone comptaient parmi les dix premières au monde dans le financement des énergies renouvelables, avec une enveloppe de près de 40 milliards d'euros. Mais "il faut être réaliste", a-t-il ajouté. "Très concrètement, on arrête de financer Air France, Renault et Peugeot ? Ou est-ce qu'on les accompagne en finançant des voitures et des avions électriques ?"
Elisabeth Borne : "Les banques ont une très grande responsabilité dans les investissements qu'elles font" #Europe1 pic.twitter.com/BQUTmx759I — Europe 1 📻 (@Europe1) November 28, 2019
Du côté du gouvernement, Elisabeth Borne, la ministre de la Transition écologique, a affirmé qu'il est clair "que les banques ont une grande responsabilité dans les investissements qu'elles font" et que le rapport d'Oxfam serait étudié. "Les banques seront sensibles à la façon dont l'opinion publique peut juger leur action", a-t-elle estimé.
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