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Les forêts françaises bientôt émettrices de CO2 ? C'est déjà le cas dans certaines régions

Publié le 10 juin 2023 à 18h43
JT Perso
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Source : JT 20h Semaine

En France, la forêt absorbe deux fois moins de CO2 qu'il y a dix ans.
Certains espaces de l'Hexagone sont même devenus, ces dernières années, des émetteurs de carbone.
Une donnée inquiétante, alors que ces écosystèmes sont au cœur de la lutte contre le changement climatique.

À l'heure où la France doit élaborer une nouvelle feuille de route pour atteindre la neutralité carbone d'ici à 2050, l'état des forêts de l'Hexagone inquiète. Car depuis dix ans, ces espaces indispensables dans la lutte contre le changement climatique dû aux activités humaines, absorbent deux fois moins de CO2 qu'il y a une décennie. Et désormais, une question se pose : et si la forêt française devenait même émettrice de carbone ? Une perspective inquiétante qui est déjà devenue réalité dans certaines régions. C'est ce que démontrent les dernières données officielles publiées par l'Académie des sciences dans son rapport de juin sur "Les forêts françaises face au changement climatique".

Alerte sur le Grand Est

En 2021, la forêt française a absorbé 31,2 millions de tonnes équivalent CO2 (ou "eCO2"), soit environ 7,5% des émissions du pays. Un chiffre en nette diminution, puisqu'en 2011, elle avait absorbé 57,7 millions de tonnes eCO2. Une perte qui alerte, alors que ces écosystèmes restent aujourd'hui le principal puits naturel de carbone dans le pays, devant les prairies. "Tout le monde est resté sur l'idée que la forêt constituait un puits de carbone stable, mais ce n'est pas du tout le cas", alerte ainsi dans Le Monde Philippe Ciais, climatologue au Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement et spécialiste du cycle du climat. D'autant que ces chiffres ne prennent pas en compte la sécheresse historique de 2022 - particulièrement mortifère pour les arbres - ni les incendies record de l'été dernier. 

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Au-delà de l'inquiétude à l'échelle nationale, c'est à l'échelle régionale que la situation alarme. Selon des données du Citepa, dans la quasi-totalité d'entre elles, le puits de carbone a fortement diminué. Parmi les baisses les plus spectaculaires : celle en Auvergne-Rhône-Alpes, dont la capacité d'absorption de CO2 a été divisée par deux en dix ans. Même situation en Bourgogne-Franche-Comté ou en Bretagne. Plus grave, dans le Grand Est, la Corse ou les Hauts-de-France, les forêts n'absorbent quasiment plus de carbone, voire sont désormais émettrices, comme c'est le cas dans le Grand Est, où la forêt "dégage" du CO2 depuis 2017. 

Seules régions où les nouvelles sont rassurantes : en Provence-Alpes-Côte d'Azur et en Nouvelle-Aquitaine, où les puits de carbone forestiers restent stables. En Occitanie - région qui stocke aujourd'hui le plus de carbone - la situation est également rassurante puisque sa forêt emmagasine 9 millions de tonnes eCO2, soit 3% des émissions nationales.

Sécheresses, organismes ravageurs et récolte de bois

Trois raisons expliquent la baisse des capacités des forêts à absorber du carbone : une chute de la croissance des arbres (-10% en dix ans) due notamment à la multiplication des sécheresses depuis 2015, une hausse de leur mortalité (+54% en dix ans), là aussi en raison des sécheresses, mais aussi de la multiplication d'organismes ravageurs comme des champignons ou des insectes et la récolte de bois en hausse, le taux de prélèvement étant passé de 55 à 65% en dix ans. Les deux premières causes sont en lien direct avec le changement climatique dû aux activités humaines qui, en s'accélérant, devient particulièrement coûteux pour ces espaces pourtant vitaux.

Une situation qui pourrait encore s'aggraver dans les années à venir, alors que la France se réchauffe bien plus vite que le reste de la planète. L'Hexagone pourrait se diriger vers un réchauffement de +4°C d'ici à 2100, dans lequel l'état des forêts se trouverait bouleversé avec une hausse importante de la mortalité d'arbres incapables de s'adapter rapidement aux changements, une augmentation des incendies et des méga-feux et la multiplication des épisodes de sécheresse au cours de l'année. Autant de données qui pourraient faire perdre aux forêts leur rôle d'atténuation du changement climatique et conduire la majeure partie d'entre elles à ne plus compenser nos émissions de gaz à effet de serre, responsables du bouleversement en cours.


Annick BERGER

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