ÉDITO - Et si face à l'urgence climatique, les entreprises commençaient par mettre en œuvre des mesures ne demandant aucun investissement ou presque ? Des solutions sont à portée de main, nous explique Fabrice Bonnifet, président du C3D, le Collège des directeurs du développement durable.
La prise de conscience de l’urgence climatique s’accélère pour une part croissante de la population qui, au-delà de l’augmentation de la fréquence des anomalies météorologiques, constate que notre modèle de développement économique écocide est une impasse. Malheureusement, nous savons qu’il faudra du temps pour radicalement le transformer au profit d’approches perma-circulaires, centrées sur la commercialisation des usages, les circuits courts et la sobriété choisie. Pendant encore au moins une décennie, cohabiteront un "monde d’avant" encore puissant et aveugle à sa propre agonie, et un "monde d’après", encore fragile et émergent. Ne nous étonnons pas des chocs associés à la turbulence sociale qui vont accompagner ces transitions.
Pour atténuer ces chocs, il serait plus que souhaitable, en parallèle des mesures structurelles de régulation (loi climat et résilience), qui mettront du temps à produire les effets escomptés tellement leurs ambitions sont faibles, de commencer par mettre en œuvre des mesures rapidement mesurables en termes de coût-bénéfice. Des mesures qui ne demandent aucun investissement ou presque, aucune loi, aucun accord international, aucune volonté politique - que nous savons inexistante.
Mais de quelles mesures miraculeuses s’agit-il ? Hélas, c’est souvent l’évidence qui exige le plus de démonstrations ! Les processus de production des entreprises et des administrations génèrent aujourd’hui un énorme pourcentage de "non-qualité", que l’on peut également désigner par : gaspillage de ressources, retards, insatisfaction, bureaucratie, non-conformité, accidents, contentieux… S’ajoutent à cette non-qualité les fameuses externalités négatives associées à l’inefficacité de ces mêmes processus de production, que l’on qualifie de déchets, et les émissions de polluants de toute nature dont le C02.
Si la non-qualité pèse sur la compétitivité de l’entreprise, les externalités négatives ne leur coûtent bien souvent rien, puisque la nature ne renvoie pas de facture. Il est d’ailleurs assez frappant de constater que ce sont bien les entreprises qui polluent le plus qui sont - encore aujourd’hui - les plus rentables : le pétrole ou le gaz qui ont mis des millions d’années à se constituer ne coûtent en effet pas plus que les infrastructures permettant leur extraction, leur transport et leur transformation. Aucune provision pour reconstitution des stocks, préservation du climat, ni de renflouement des systèmes de santé pourtant directement concernés par les effets de l’exploitation massive de ces ressources. Évidemment, il est tellement plus facile d’être riche en exploitant des ressources gratuites - certains propriétaires de club de football le savent bien !
Quand les entreprises décideront-elles de faire d’une pierre d’efficacité deux coups, pour le climat et leurs propres résultats ?
Fabrice Bonnifet
Quand les entreprises décideront-elles de faire d’une pierre d’efficacité deux coups, pour le climat et leurs propres résultats ? Contre ces aberrations, il existe pourtant un "vaccin" efficace contre l’inutile et sans effet secondaire. Ce remède à haute valeur ajoutée économique et écologique se nomme démarche d’amélioration continue des processus, ou encore excellence opérationnelle. Les principaux bénéfices de ces démarches pragmatiques résident directement dans ce qu’elles permettent d’éviter en termes d’externalités négatives, dont les effets secondaires se traduisent par leur contribution délétère au changement climatique, à la dégradation de qualité de l’air, de l’eau, des sols, la déplétion des ressources naturelles…. Et dans les comptes de résultats en économies réalisées.
Et n’oublions pas que si les entreprises ne paient pas directement pour ces pollutions diffuses, les conséquences sanitaires et sociales de ces dernières vont leur coûter de plus en plus cher dans un proche avenir – à la société en général et à elle en particulier. Les coûts induits par notre négligence vont finir par être insurmontables pour la société dans son ensemble, comme l’a précisé il y a déjà 15 ans l’économiste Nicholas Stern. Parmi les premiers secteurs d’activité à tirer la sonnette d’alarme : les assureurs et les réassureurs, qui prévoient des polices inaccessibles et donc leur prochaine incapacité à assurer une planète-étuve sur laquelle les catastrophes "naturelles" se multiplient.
Oui, une solution pour réduire massivement et immédiatement les émissions de CO2 sans effet rebond, sans investissement démesuré, sans modification de la valeur perçue et sans tout changer immédiatement, est à portée de main. Mais tous ceux qui pensent que le bons sens et l’intuition suffisent pour régler les dysfonctionnements font preuve d’une grande naïveté. Car pour atteindre ces résultats, il convient d’avoir la volonté et surtout le courage de déployer les méthodes d’amélioration continue associées. Une fois de plus, savoir quelle action engager ne suffit pas, encore faut-il vouloir agir.
Découvrez notre podcast "Impact Positif"
Écoutez ce podcast sur votre plateforme d'écoute préférée :
- Sur APPLE PODCAST
- Sur SPOTIFY
- Sur DEEZER
Devant l’urgence climatique, la crise démocratique, une société aux inégalités croissantes, certains ont décidé de ne pas rester les bras croisés, ils ont un coup d’avance, l’audace de croire qu’ils peuvent apporter leur pierre à l’édifice. Ils sont ce que l’on appelle des Changemakers.
Sur le
même thème
même thème
Tout
TF1 Info
TF1 Info
- 2Vague de chaleur : fera-t-il réellement jusqu'à 46°C à la mi-juillet ?Publié le 4 juillet 2022 à 17h27
- 3Procès Johnny Depp : Amber Heard demande l’annulation du verdict pour une raison surprenantePublié le 4 juillet 2022 à 11h49
- 4Bac 2022 : découvrez tous les résultats, académie par académiePublié hier à 6h00
- 5Johnny Depp change de look avant le tournage de son nouveau film en FrancePublié hier à 17h54
- 6Chèques-vacances : ces endroits où on ne pense pas forcément à les utiliserPublié aujourd'hui à 10h36
- 1Inflation : la hausse de prix de ces trois produits est-elle justifiée ?Publié aujourd'hui à 11h37
- 3Scopelec, sous-traitant d'Orange, va licencier "plusieurs centaines de salariés"Publié aujourd'hui à 11h26
- 4Économie : la France fait face à "un risque de récession"Publié aujourd'hui à 11h15
- 5Trains complets et grève SNCF : la galère des voyageursPublié aujourd'hui à 11h08
- 6Covid-19 : Israël devient le deuxième pays au monde à vacciner les bébés avec Pfizer et ModernaPublié aujourd'hui à 11h00
- 7Royaume-Uni : un troisième ministre de Boris Johnson démissionnePublié aujourd'hui à 10h54
- 8Accueil Paysan : une association pour aider les agriculteurs dans la transition écologiquePublié aujourd'hui à 10h40
- 9Chèques-vacances : ces endroits où on ne pense pas forcément à les utiliserPublié aujourd'hui à 10h36
- 10CARTE - La sécheresse prend de l'ampleur : 64 départements touchés par des restrictions d'eauPublié aujourd'hui à 10h30
- 3Le grand format : l'incroyable retour des aigles du Léman dans les AlpesPublié hier à 20h30
- 4Glacier effondré en Italie : "On ne peut pas imaginer contrecarrer ce type d’écroulement"Publié le 4 juillet 2022 à 21h39
- 5VIDÉO - Réchauffement climatique : en France, une vingtaine de glaciers sous haute surveillancePublié le 4 juillet 2022 à 18h53
- 6Éoliennes : font-elles baisser le prix des maisons riveraines ?Publié aujourd'hui à 9h58
- 7VIDÉO - Hautes-Alpes : la vallée du Champsaur menacée par la sécheresse précocePublié le 4 juillet 2022 à 10h19
- 9Sécheresse : ces plantes qui n'ont pas besoin d'eauPublié le 1 juillet 2022 à 13h21
- 10Comment le monde de la musique peut réduire son empreinte carbone ?Publié le 1 juillet 2022 à 9h00