ENGAGÉS - À deux jours des élections européennes, plusieurs milliers de jeunes manifestants ont défilé vendredi à Paris, à l'occasion de la "grève mondiale pour le climat". LCI est allé à la rencontre de ces écolos qui n'ont pas encore le droit de vote.
"Je ne suis pas venu pour sécher les cours... D'ailleurs je n'en avais même pas cet après-midi". Impossible de vérifier si Chariles fait l'école buissonnière ou non, ce vendredi après midi. Avec des amis de sa classe de 1ère S, il a décidé de manifester à Paris, à l'occasion de la "grève mondiale pour le climat". À deux jours des élections européennes, ils étaient environ 15.000 à défiler dans la capitale pour réclamer des politiques environnementales plus ambitieuses, accompagnés par plusieurs mouvements de gauche et écologistes.
Lire aussi
Youth for climate : 130 scientifiques soutiennent la grève des jeunes pour le climat
Lire aussi
"Grève mondiale pour le climat" ce vendredi : les jeunes appelés à manifester
Mais la présence de personnalités politiques n'y fait rien : les élections européennes ne sont pas vraiment dans les esprits de ces jeunes manifestants, qui ont défilé de la place de l'Opéra à la place de la République. "Je n'ai pas encore le droit de vote, donc ce n'est pas vraiment lié", poursuit Chariles, qui avait déjà participé à la première "grève pour le climat" du vendredi 15 mars, à l'appel de la jeune suédoise Greta Thunberg et de mouvements français comme Youth for Climate. Entre 29.000 et 40.000 personnes avaient alors défilé.
Du coup, petite galerie de portraits/pancartes. Chariles, en 1re S à Paris : "Je suis venu à la précédente marche, en mars, c'était convivial. Je n'ai pas cours cet après-midi, donc je ne viens pas pour sécher. Même si cette manif ne va servir a rien, je viens pour le symbole" pic.twitter.com/kI2QLbkHZa — Matthieu Jublin (@MatthieuJublin) 24 mai 2019
Emballé par cette première expérience "conviviale", le lycéen a remis le couvert, avec sa pancarte mais sans grande arrière pensée politique. Et encore moins l'idée de peser sur le scrutin de dimanche. "Je le fais pour le symbole, même si ça ne servira sûrement à rien".
Même son de cloche chez Solveig, venue avec quelques camarades de 1ère S : "La dernière fois, en mars, on avait séché. Les parents étaient contre et on a failli être sanctionnées." Particulièrement touchée par la "déforestation", la lycénne ajoute que "même sans les élections, on serait venus manifester".
Si les politiques commencent à s'imposer dans le cortège, ça devient gênant
Romane, élève de seconde
S'ils sont peu portés sur les querelles politiques, ces élèves ne voient pas forcément d'un mauvais œil la présence des politiques dans le cortège : Yannick Jadot, Raphael Glucksmann, Olivier Faure, Delphine Batho, ou encore un stand de la France insoumise. "On sait que c'est dans l'intérêt des partis de venir ici", estime Romane, en seconde mais sensibilisée de longue date à plusieurs causes par une mère syndicaliste. "Mais si les politiques commencent à s'imposer dans le cortège, ça devient gênant."
Engagés, certains le sont déjà. Liwenn, 24 ans et écolo depuis ses 16 ans, est passée par l'organisation altermondialiste Attac et est actuellement bénévole pour le site écologiste Reporterre. Elle non plus n'est pas venue en raison des prochaines élections, "mais si ça peut faire de l'écho, tant mieux". Probablement au dessus de la moyenne d'âge des manifestants, elle analyse l'engagement croissant des jeunes dans ces manifestations écolos : "Les réseaux sociaux ont une énorme influence sur la mobilisation, car les images ont beaucoup plus de puissance que les discours, mais les jeunes sont aussi sensibilisés dans leur famille et à l'école : ce sont des sujets qui sont au programme, désormais".
Liwenn, 24 ans, bénévole chez @Reporterre (entre autre) : "Je ne suis pas venue à cause des élections, mais si ça peut faire de l'écho, tant mieux. Les jeunes se mobilisent grâce aux réseaux sociaux, aux programmes scolaires, et parce qu'ils se sentent directement concernés" pic.twitter.com/EJcVKZ6ezE — Matthieu Jublin (@MatthieuJublin) 24 mai 2019
C'est au sein de sa famille que Maxime, a été sensibilisé au réchauffement climatique. "Mes parents m'ont toujours dit que ça existait", explique cet élève de seconde, qui brandit une pancarte sur laquelle figure une citation en anglais du super-héros de Marvel Green Lantern. Conscient d'avoir été "éduqué" aux enjeux écologiques par sa famille et les médias, il réclame pour sa part "un changement de la structure de l'économie" pour répondre au défi climatique.