Comment la canicule frappe de plein fouet les quartiers populaires

Publié le 17 juin 2022 à 17h52

Source : JT 13h Semaine

Très minéralisés et denses, les quartiers plus défavorisés des villes souffrent davantage de la chaleur.
Lors des canicules de 2003 et de 2020, la Seine-Saint-Denis affichait par exemple une surmortalité liée à ces épisodes.

Face à la chaleur, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Le thermomètre dépasse largement les 40°C en France cette semaine et certains territoires souffrent plus que d’autres. C’est le cas des villes, dont l’architecture n’a pas été pensée pour faire face à des périodes de canicule. Mais plus encore des quartiers denses et minéralisés, sans le moindre parc ou végétation. Il s’agit du cœur des villes mais aussi des quartiers populaires, où le béton est omniprésent et a pour effet de retenir la chaleur. Et ils échappent encore aux plans de végétalisation et d’adaptation au changement climatique, alors que les municipalités commencent à repenser l’espace des centres-villes. 

La Seine-Saint-Denis, exemple concret

Ces quartiers, parfois ces villes entières, renvoient ainsi à des ilots de chaleur en puissance, qui se manifestent "dès qu’il y a artificialisation d’espaces naturels au profit de l’urbanisation", d’après l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur). Nous décrivions justement le phénomène dans cet article. En 2015, le média Reporterre l’avait illustré par des quartiers de Rennes, "où les colonnades d’immeubles tutoient les dalles de béton". 

Mais aussi à Saint-Denis, où les habitants se résignent peu à peu face aux chaleurs extrêmes provoquées par le changement climatique. Et de manière générale, la Seine-Saint-Denis, le quatrième département le plus peuplé de France selon l’Insee, est touchée de près par ces canicules à répétition. 

Les quartiers populaires, à forte densité de population, apparaissent comme de véritables îlots de chaleur
Les quartiers populaires, à forte densité de population, apparaissent comme de véritables îlots de chaleur - APUR, Atelier parisien d’urbanisme,

En août 2020, le département a connu une surmortalité de +10% par rapport à l’année précédente, et l’ensemble des départements franciliens ont subi une surmortalité de 20,6%. Au mois d’août 2003, la canicule fut particulièrement meurtrière en Seine-Saint-Denis, avec une surmortalité estimée à +160%, comme le rappelle l’Inserm. Elle a été du même ordre dans l’Essonne (+147%), dans les Hauts-de-Seine (+161%) ou dans le Val-de-Marne (+171%). Dans une étude, Santé publique France (SPF) constate à ce sujet qu’à Paris et dans sa petite couronne, le risque de décéder à cause d’une chaleur exceptionnelle est 18% plus élevé dans les communes les moins arborées que dans les plus vertes.

Outre l’architecture bétonnée et la densité de population, de nombreux quartiers urbains souffrent également de logements peu compatibles avec la chaleur. À Marseille, l’AFP a constaté mi-juin la présence d’écoles à la structure métalliques et peu isolantes, faisant figure de "passoires thermiques". La municipalité a d’ailleurs initié un plan de rénovation des écoles à hauteur de 400 millions d’euros, comprenant justement leur végétalisation.


Caroline QUEVRAIN

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