Pourquoi la Seine est-elle moins impactée par la sécheresse que d'autres fleuves ?

Publié le 19 août 2022 à 13h44

Source : JT 13h WE

La sécheresse historique que traverse l'Europe oblige à la mise en place de mesures de restrictions.
La circulation fluviale de certains fleuves est affectée suite à des niveaux alarmants.
Ce n'est cependant pas le cas de la Seine, et on vous explique pourquoi.

La Loire, la Garonne, mais aussi le Rhin, la Tamise ou encore le Danube... Que ce soit en France ou ailleurs en Europe, les fleuves sont affectés par la sécheresse historique qui traverse l'ouest du continent cet été. Alors que les précipitations en pluie sont faibles, du fait du réchauffement climatique accéléré par l'activité humaine, des mesures de restrictions doivent même être mises en place.

Des fleuves qui souffrent de la sécheresse partout en Europe

C'est le cas au Royaume-Uni où, pour la première fois, la source de la Tamise elle-même est à sec. Le fleuve qui traverse Londres ne commence à couler qu'environ huit kilomètres en aval. De même, en Hongrie, l'année 2022 est pour l'instant la plus sèche jamais enregistrée depuis 1901, ce qui se ressent sur les niveaux des cours d'eau, comme le Danube. Le pays n'a pour l'heure pas instauré de restrictions, mais la vigilance reste de mise.

Le niveau du Rhin a également baissé, perdant pratiquement 40 centimètres par rapport à la normale, ce qui a rendu le fleuve difficilement navigable. Certains industriels allemands ont donc été contraints de ralentir leur activité. EnBW, qui exploite des sites dans la région du Bade-Wurtemberg (Sud-Ouest), a ainsi prévenu que les livraisons de charbon pourraient être limitées.

En France, les vues du ciel du plus long fleuve du pays, la Loire ou encore de la Garonne qui traverse Toulouse ou encore Bordeaux, font aussi état de niveaux exceptionnellement bas. Du côté du Rhône, le débit du fleuve est en baisse de 30 % par rapport à la moyenne observée habituellement en août, selon Le Progrès. Face à cette situation généralisée, la Seine semble pourtant faire exception.

La Seine, soutenue par des barrages et des réservoirs

Le département de Paris est bien placé en vigilance sécheresse depuis le 2 août, le débit du fleuve atteignant même son seuil de vigilance (81 m3/s). Celui-ci n'entraîne cependant pas de restrictions de navigation et depuis, le débit de la Seine est remonté. Il oscille désormais entre 100 et 130 m3/s, permettant de maintenir le niveau du fleuve. La navigation sur la Seine n'est donc pas perturbée.

Cette moindre incidence de la sécheresse sur la Seine s'explique pour deux raisons. Dans le bassin de la Seine, les fleuves et rivières sont aménagés pour la navigation, ce qui a entraîné la mise en place de barrages mobiles de navigation. Ceux-ci permettent de gérer et de maintenir le niveau d'eau. Par ailleurs, la Seine dispose également de quatre grands lacs-réservoirs, gérés par l’établissement public Seine Grands Lacs, qui sont situés sur la Marne, l’Aube, l’Yonne et la Seine en amont. 

Ces réservoirs font du soutien d’étiage : ils stockent l’eau pendant les périodes de crues en hiver, et à l’inverse en été, la libèrent. "Grâce à ces deux facteurs (l’aménagement des fleuves et le soutien d’étiage), le tourisme et le transport de marchandises sur la Seine sont peu impactés", fait savoir l'opérateur Voies navigables de France. Le maintien de cette ligne d'eau permet par ailleurs de préserver les milieux naturels, l'approvisionnement en eau potable ou encore, l'irrigation.

Néanmoins, les cours d'eau affluents de la Seine sont, eux, fortement impactés par la sécheresse. À ce jour, des arrêtés préfectoraux sont en vigueur et imposent parfois des restrictions importantes. Des regroupements de bateaux dans les écluses de l'Oise sont également mis en place afin de limiter le "déplacement" de l'eau entre deux écluses. Par ailleurs, un seuil de crise a été fixé à 45m3/s pour la Seine. Si ce niveau de débit est atteint, il faudra se résoudre à arrêter les navigations le temps que le niveau ne remonte.


Aurélie LOEK

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