Doit-on s'attendre à des épisodes de pluies intenses à l'automne, après les fortes chaleurs de l'été  ?

Publié le 8 août 2022 à 17h10, mis à jour le 8 août 2022 à 18h22

Source : TF1 Info

Les vagues de chaleur qui touchent la France impactent également la mer Méditerranée.
Celle-ci est confrontée à des températures exceptionnellement hautes, menant à l'apparition d'une canicule marine.
Cette situation pourrait annoncer des épisodes de fortes précipitations et d'inondations à l'automne.

Après un été caniculaire, doit-on s'attendre à un automne marqué par de fortes pluies et des inondations ? Pour le savoir, climatologues et océanographes surveillent de près les températures de la mer Méditerranée, qui pourraient considérablement influencer ce phénomène. Celles-ci n'ont jamais été enregistrées à un niveau aussi élevé dans sa partie occidentale, conséquence du réchauffement climatique et des vagues de chaleur atmosphériques qui se succèdent depuis fin juin.

Dans le golfe de Gênes, au nord de la Corse par exemple, la température de l'eau est montée à 28-29 °C. Dans la rade de Villefranche-sur-Mer, dans les Alpes-Maritimes, l'océanographe Jean-Pierre Gattuso a mesuré un pic le 25 juillet de 29,2°C en eaux de surface. "C'est extrêmement élevé, c'est 3,5 °C au-dessus des valeurs de l'année dernière", observe-t-il auprès de TF1info.

Plus l'air qui vient de la mer est chaud et humide, plus on a un système orageux intense
Cindy Lebeaupin-Brossier

Or, ces températures élevées sur une grande période de temps qui conduisent à des canicules marines, ont une influence sur les conditions météorologiques. Si elles se poursuivent en septembre-octobre, elles pourraient s'avérer annonciatrices d'événements de pluie extrêmes

À cette période, les conditions sont déjà propices à des phénomènes orageux et à de fortes pluies localisées. Ces épisodes naissent lorsque le vent chaud et humide en provenance de la mer Méditerranée se dirige vers le nord et bute contre un arrière-pays montagneux et un air froid, présent en altitude. Le contraste engendre alors de fortes précipitions. 

Avec l'actuelle canicule marine, ce phénomène pourrait être amplifié du fait d'une forte évaporation de l'eau et la formation d'une masse d'air chaud et humide au-dessus de la mer. "Plus l'air qui vient de la mer est chaud et humide, plus on a un système orageux qui est intense", alerte ainsi Cindy Lebeaupin-Brossier, chercheuse au CNRS au Centre national de recherche météorologique.

Des facteurs aggravant le risque de fortes inondations

Avec la canicule marine, les nuages sont donc gorgés d'eau. Si les conditions météorologiques sont réunies, ces nuages se déverseront en montagne, pouvant amener à des dégâts conséquents. D'autant plus que la sécheresse a rendu les sols très peu absorbants, aggravant encore le risque d'inondations. "Un sol sec, qui a du mal à absorber l'eau, favorise énormément le ruissellement de pluies très fortes", souligne effectivement la climatologue Françoise Vimeux, directrice de recherche à l'Institut de recherche pour le développement.

C'est ce qu'il s'est par exemple produit en octobre 2020 avec la tempête Alex. Celle-ci a été amplifiée dans les Alpes-Maritimes par un air particulièrement chaud et humide. C'est alors l'équivalent de plusieurs mois de précipitations qui se s'est abattu en très peu temps sur le département, ravageant les vallées de la Vésubie, de la Roya et de la Tinée.

Pour autant, rien n'est encore certain pour cet automne, car les fortes températures actuelles peuvent encore évoluer et baisser. "S'il y a de forts coups de vents, que l'eau de surface se mélange à l'eau plus profonde, cela va diminuer la température de la mer", espère Françoise Vimeux, jugeant donc qu'il est trop tôt pour prévoir l'occurrence des événements méditerranéens des prochains mois. 

Mais face à cette éventualité, les températures de l'eau continueront d'être surveillées de près tout le long du mois d'août. D'autant plus que la canicule marine fait déjà des dégâts, sous l'eau, menaçant de nombreux organismes marins comme les coraux, les oursins ou les éponges.


Aurélie LOEK

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