Dôme de chaleur : on vous explique le phénomène qui va frapper la France cette semaine

Propos recueillis par Léa COUPAU
Publié le 16 mai 2022 à 11h11

Source : JT 20h WE

Avec les pics de chaleur de ce mois de mai, les températures risquent de battre de nouveaux records en France cet été.
Durant la semaine qui débute le 16 mai, l'Hexagone sera même sous un "dôme de chaleur".
Interrogé par TF1Info, Fabio D'Andrea, chercheur au CNRS, nous décortique le phénomène.

Bis repetita cette semaine du 16 mai : l'Hexagone va connaitre un épisode de forte chaleur, et la barre des 35 °C devrait même être atteinte. Comme l'Inde ou le Pakistan plus tôt, la France va se trouver sous un dôme de chaleur. Là-bas, les températures atteignent les 50 °C par endroits, entraînant des pénuries d'eau et des coupures d'électricité. De quoi inquiéter les météorologues, dont Fabio D'Andrea, chercheur du CNRS, qui nous explique le phénomène climatique.

Le système agit comme un couvercle sur une casserole qui chauffe.
Fabio d'Andrea, chercheur du CNRS au Laboratoire de météorologie dynamique, à Paris.

C'est quoi un dôme de chaleur ?

Le terme est très récent. Il est apparu avec la vague de chaleur au Canada durant l'été 2021. Mais le phénomène est toujours le même : à un moment donné, un anticyclone de blocage persiste à un même endroit et provoque la stagnation des masses d'air. Dans cette zone de haute pression, se créée également une autre manifestation météorologique : la subsidence. C'est-à-dire qu'à l'intérieur du dôme, l'air descend, se comprime et fait augmenter les températures. Autre effet : les perturbations qui viennent de l'Atlantique et qui porteraient de l'humidité, de la fraicheur, sont obligées de tourner autour de la zone de haute pression. C'est donc pour cela qu'on appelle cela un blocage, car les vents sont bloqués. Le système de dôme agit comme un couvercle sur une casserole qui chauffe.

Est-ce que le réchauffement climatique accentue ces phénomènes météorologiques ?

Des études sont en cours, mais on observe déjà que ces vagues de chaleur ont fortement augmenté ces dernières années. Et l'influence humaine a un rôle, oui. Mais se posent alors plusieurs questions : est-ce que c'est toute la dynamique météorologique qui est en train de changer ? Est-ce qu'on arrive vers une météo qu'on n'a jamais vue auparavant ? Ou alors, est-ce que la météo n'a pas changé, mais qu'elle est en moyenne plus chaude en raison du réchauffement climatique ? Si l'on décrète qu'à partir de 35° C, c'est un dôme de chaleur, on les dépassera effectivement plus fréquemment.

Record de chaleur en Inde et au PakistanSource : Sujet TF1 Info

Ces dômes ont-ils déjà touché la France ?

Oui, ce phénomène a déjà eu lieu lors des canicules de 2003 et de 2019 dans l'Hexagone. Ailleurs, on l'a retrouvé au Canada et même en Russie. Mais en ce moment, il frappe l'Inde et le Pakistan, avec des températures extrêmement hautes.

Comment sortir de ces dômes de chaleur ?

Ce sont les perturbations venant de l'Atlantique qui, à un moment, arrêtent de tourner autour du dôme de chaleur et arrivent à balayer le blocage pour apporter un peu de pluie. Cela se termine comme cela. Mais les dômes ne sont pas extensibles. Ils ont une durée de vie d'en moyenne une semaine. Certains sont plus longs, d'autres plus courts. Des études essayent de comprendre pourquoi certains persistent, en faisant par exemple l'hypothèse que la sécheresse, outre le fait d'augmenter la température, ferait maintenir plus longtemps le blocage.

Le phénomène de bulbe mouillé

La vie humaine peut-elle être en danger ?

Cela dépend des personnes, plus ou moins fragiles - on pense aux personnes âgées ou aux enfants -, mais aussi des lieux. Il y a des villes qui ont un climat beaucoup plus chaud que celui de Paris, comme à Barcelone ou à Marrakech. Les Espagnols ne sont pourtant pas différents de nous d'un point de vue physique, mais ils le sont d'un point de vue de l'infrastructure. Dans toute gestion de la canicule, il y a des questions d'organisation, avec les transports ou les hôpitaux. Heureusement, en France, on a appris des choses. La canicule en 2003, très meurtrière, était la première. Depuis, le pays s'est adapté et a mis en place des mesures pour lutter contre ces phénomènes.

Mais effectivement, il y a des cas où la chaleur peut être tellement forte qu'elle en devient invivable. Je pense au phénomène de bulbe mouillé, une température calculée sur la température de l'atmosphère et l'humidité. Passer ce seuil est extrêmement rare, mais peut-être fatal. Car si celui-ci dépasse 35 °C, l'eau ne peut plus sortir de nos tissus, c'est-à-dire que le corps ne peut plus transpirer. Et si l'on vit quelques heures comme cela, cette situation peut provoquer un début de dysfonctionnement des organes, voire la mort.


Propos recueillis par Léa COUPAU

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