Vague de chaleur extrême en Asie du Sud : une région bientôt invivable pour ses habitants ?

Publié le 27 avril 2022 à 18h54, mis à jour le 27 avril 2022 à 19h04

Source : JT 20h Semaine

L'Inde a enregistré son mois de mars le plus chaud depuis 122 ans, avec des températures pouvant dépasser les 44 °C.
Ces pics de chaleur, qui touchent également d'autres pays d'Asie du Sud, sont perçus comme des signes du réchauffement climatique.
Ils menacent une grande partie de la population.

44,4 °C au Rajasthan, 45 °C dans le Maharashtra... Les températures en Inde atteignent des niveaux record alors que l'ensemble de la région est touchée par une vague de chaleur extrême, inhabituelle pour la saison. Selon le Département météorologique indien (IMD), le mois de mars a été le plus chaud depuis le début des observations, il y a 122 ans. Sur l'ensemble du pays, la température moyenne s'est élevée à 33,1 °C, avec des pics dépassant parfois les 40 °C.

Une vague de chaleur exceptionnellement intense

Si de telles vagues de chaleur ne sont pas inhabituelles dans ces régions, elles arrivent cette année bien plus tôt que d'habitude. Les années précédentes, des pics étaient enregistrés en mai-juin, avant l'arrivée de la mousson. Les fortes chaleurs de 2022 sont donc exceptionnellement intenses et précoces, probablement renforcées par des précipitations inférieures à la moyenne au mois de mars. 

Le phénomène est inquiétant et pourrait durer. Peu de précipitations sont prévues pour les prochains jours. Sur Twitter, le météorologiste Scott Duncan prévoyait même une montée des températures jusqu'à 50 °C au Pakistan, voisin de l'Inde. Des vagues de chaleur directement liées au réchauffement climatique, selon lui : "À mesure que notre planète se réchauffe, les vagues de chaleur vont devenir plus intenses. Des niveaux de chaleur dangereux peuvent également survenir durant une plus grande partie de l'année."

Or, la hausse des températures menace la région qui est l'une des plus peuplées au monde. D'autant qu'en Inde comme au Pakistan, des millions de personnes n'ont pas accès à la climatisation et sont susceptibles de souffrir de ces chaleurs extrêmes. "La canicule est un inconfort théorique pour certains d'entre nous qui passent d'une maison climatisée à une voiture climatisée, puis à un bureau climatisé. Mais c'est une question de vie ou de mort pour une personne pauvre, dépendante du travail manuel et vivant dans une maison dans un bidonville urbain ou un village", alertait dans Times of India, Chandra Bhushan, un des plus grands experts de l'environnement et du changement climatique en Inde.

Ces fortes températures sont en plus couplées avec des taux d'humidité élevés, rendant la "tolérance corporelle difficile", observait le climatologue et directeur de recherche au CNRS Christophe Cassou. Si l'air ambiant est trop humide, le corps ne peut pas transpirer, ce qui l'empêche de se refroidir. La thermorégulation n'étant alors plus possible, le corps succombe en quelques heures. Pour cette raison, une étude de la NASA considérait que l'Asie du Sud pourrait devenir invivable d'ici à 2050. Des observations également faites dans plusieurs rapports du Giec et qui commencent donc à se matérialiser. 


Aurélie LOEK

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