RÉCHAUFFEMENT - Le programme Copernicus a dévoilé son relevé de température, vendredi 5 juin. Le verdict est sans appel : une hausse des températures record a été observée sur l'ensemble de la planète.
La hausse des températures perdure... Le mois de mai 2020 "a été 0,63 degré plus chaud que la moyenne des mois de mai de la période 1981-2010", a annoncé vendredi 5 juin le programme spatial européen Copernicus, missionné pour observer les changements climatiques depuis ses satellites.
Ainsi, cette hausse en fait le mois de mai le plus chaud jamais relevé, "depuis le début [du relevé] des données", devant les mois de mai 2016 et 2017, a relevé le programme dans un communiqué. Alors que les inquiétudes d'un été caniculaire se matérialisent de plus en plus, les chiffres relevés par Copernicus ne donnent pas franchement espoir dans un retour des températures modérées.
Une rupture des glaces prématurée
C'est notamment dans les régions les plus froides de la planète que les hausses anormales se sont faites le plus ressentir. En Sibérie, des températures "très anormales", supérieures de plus de 10° Celsius à la normale, ont été relevées. Indice particulièrement alarmant : "Dans le nord-ouest de la région, la débâcle (la rupture de la glace) sur les fleuves Ob et Ienisseï n'avait jamais commencé aussi tôt."
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Cette douceur s'observe également dans la région arctique, dans l'ouest de l'Alaska, mais aussi en Antarctique. Laquelle ne sera pas une surprise pour les climatologues, comme en témoigne la photo ci-dessous, prise sur la base chilienne du Président Eduardo Frei Montalva, sur l'île du Roi Georges, où l'on voyait une absence de neige dès le mois de février.
En France, le 2e printemps le plus chaud depuis 1900
Mais les températures douces ne concernent pas que les régions normalement les plus froides de la planète. Dans ses observations, Copernicus souligne que les douze derniers mois (juin 2019 à mai 2020) ont constitué la période d'une année glissante la plus chaude jamais enregistrée, à égalité avec la période allant d'octobre 2015 à septembre 2016. Avec une hausse de 0,7°C au-dessus de la normale.
En France, par exemple, le printemps qui s'achève aura été aussi chaud que l'hiver a été doux. Après un mois de mars conforme à la normale, "avril et mai ont été particulièrement doux, se classant parmi les mois d'avril et mai les plus chauds depuis 1900", notait ainsi Météo France, qui prédisait, sur le territoire, une température moyenne "supérieure à la normale de près de 1,7 °C" et classant le printemps 2020 au deuxième rang des printemps les plus chauds depuis le début du XXe siècle derrière le printemps 2011 (+ 2°C).
En raison du réchauffement climatique provoqué par les émissions de gaz à effet de serre produites par les activités humaines, la planète a déjà gagné plus de 1°C depuis l'ère pré-industrielle, entraînant déjà une multiplication d'événements météo extrême comme les canicules, sécheresses ou inondations. 2019 a été la deuxième année la plus chaude dans le monde, après 2016, et les experts s'attendent à ce que la température moyenne mondiale batte un nouveau record au cours de la prochaine période quinquennale (2020–2024).
Autant de constats qui viennent renforcer les convictions des scientifiques selon lesquelles la période d'inactivité de deux mois observée dans le cadre du confinement ne pouvait répondre aux besoins de la planète. Interviewé par LCI début avril, le chercheur François Gemenne craignait ainsi que, du fait de la reprise attendue des activités industrielles, particulièrement polluantes, le "répit" obtenu par notre planète serait de courte durée. Ces dernières études laissent penser que l'effet aura été si faible qu'il n'aura même pas permis une stagnation de la hausse des températures.