Non, les éoliennes ne fonctionnent pas "seulement 25% du temps"

Défenseur du patrimoine en péril, le spécialiste des têtes couronnées Stéphane Bern a signé une chronique très virulente dans le Figaro contre les éoliennes. Très remonté contre le développement du parc éolien en France défendu par la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, l'animateur a évoqué ce qu'il définit comme "un écocide".

Dans ce texte, Stéphane Bern demande à la représentante du gouvernement "d'ouvrir les yeux", ainsi que de "cesser de se mentir" sur le bilan environnemental réel de l'éolien. Peu de chiffres dans son argumentaire, à l'exception notable d'un, très marquant : "les éoliennes fonctionnent seulement 25% du temps", assure-t-il en effet. Une affirmation inexacte, qui mérite toutefois quelques éclaircissements.

Direction le site d'Engie pour vérifier les propos de Stéphane Bern. L'entreprise indique à ses clients que "contrairement aux idées reçues, une éolienne tourne la majorité de son existence durant plus de 80 % du temps", un chiffre que l'on retrouve également sur le site d'EDF. La rotation, nous indique-t-on s'effectue "à des vitesses variables en fonction de la puissance du vent". Pour s'actionner, "une éolienne nécessite une vitesse de vent minimale d'environ 15 km/h", tandis que de trop fortes rafales peuvent entraîner son arrêt : "Pour des questions de sécurité, l'éolienne s'arrête automatiquement de fonctionner lorsque le vent dépasse 90 km/h."

Du côté de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), on précise que "quasiment toutes les éoliennes sont installées sur des sites caractérisés par des vitesses de vent en moyenne supérieures à 20 km/h", un choix logique opéré pour maximiser leur durée de fonctionnement. Rares sont d'ailleurs les jours où le vent est trop fort, pas plus de 10 par an en moyenne. Le dernier obstacle à leur fonctionnement vient des opérations de maintenances, certes indispensables, mais qui ne durent généralement que cinq jours chaque année. En résumé, observe l'agence, "si l'on considère les périodes d'arrêt dues aux vents trop faibles ou trop forts et aux opérations de maintenance, une éolienne tourne en moyenne 75% à 95% du temps", soit bien plus que ce qu'annonce Stéphane Bern.

Si les propos de l'animateur se révèlent inexacts, il convient néanmoins de nuancer les chiffres présentés plus haut. En effet, des vents faibles suffisent pour faire tourner les éoliennes, mais ils ne permettront pas d'en exploiter tout le potentiel. Impossible donc d'espérer le même rendement quelle que soit la météo. L'Ademe note que lorsque l'on se penche sur les chiffres à l'échelle d'une année, on constate qu'une éolienne "a produit autant d'électricité que si elle avait tourné 20 à 25% du temps à capacité maximale". C'est ce qu'on appelle "le facteur de charge ou le taux de charge". Peut-être Stéphane Bern faisait-il référence à ce chiffre dans sa tribune.

Quoi qu'il en soit, les données sont assez claires et mettent en évidence le fait que les éoliennes fonctionnent la grande majorité de la journée. Les estimations concluent à une activité comprise entre 75 à 95% du temps, en fonction de lieux et des conditions météo. Le facteur de charge des éoliennes en revanche est assez nettement plus réduit : ce chiffre montre que la production totale par an équivaut au fonctionnement à plein régime d'une éolienne durant 20 à 25% du temps.

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