Une vidéo d’archives de 1976 circule, laissant entendre que la sécheresse était plus sévère cette année-là.C’est faux, d’après Météo France : les niveaux rencontrés aujourd'hui battent tous les records depuis au moins 1958.
Avec des milliers d'hectares de forêts brûlés et quatre canicules jusqu'à présent, l'été 2022 est sans précédent sur de nombreux aspects. Et la sécheresse des sols en est un. Les lacs et rivières sont à un niveau anormalement bas et il ne pleut quasiment pas sur le territoire. Ce qui crée une situation catastrophique pour les agriculteurs et oblige à prendre des mesures locales pour rationner l'eau. Pourtant, des publications sur les réseaux sociaux tendent à minimiser l'impact du réchauffement climatique sur la sécheresse en comparant l'actuelle avec une autre : celle de l'année 1976, qui fut très importante. Même pire, d'après plusieurs tweets.
Une sécheresse qui n'a rien d'inédit ?
Pour ce faire, certains comptes relaient une archive de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), publiée cette semaine sur TikTok. "Une année sèche, très sèche en France, une des plus sèches jamais enregistrées", cite la voix off avant de laisser la parole à des témoins de l'époque. L'extrait est donc repris sur Twitter, avec ce genre de commentaire : "N'en déplaise à la propagande climatique, les sécheresses n'ont pas attendu l'activité humaine pour exister. Celle de 1976 a été bien pire que celle que nous traversons actuellement. Il a fallu attendre octobre pour voir les premières pluies".
Selon d'autres tweets, la sécheresse de 2022 est certes conséquente mais n'a rien d'inédit, contrairement à ce que suggère la presse. "Je ne nie pas du tout une grande sècheresse cette année, je déplore la démagogie qui utilise sans cesse des informations comme si c'était jamais arrivé", souligne un compte en reprenant une photo de Ouest France de 1976, du fleuve de La Loire asséché.
La Loire 1976 Attention Je ne nie pas du tout une grande sècheresse cette année, je déplore la démagogie qui utilise sans cesse des informations comme si c'était jamais arrivé. pic.twitter.com/YJMEsDJFbi — marco nius (@NiusMarco) August 11, 2022
L'année 1976 a bien été dévastatrice pour les cultures, où "moins de 10 % des pluies habituellement mesurées tombent entre avril et juillet 1976", se souvient Le Monde en 2011. Pour lutter contre ses effets et compenser les pertes, le gouvernement crée même à la fin août un "impôt sécheresse". Mais si la sécheresse connue cette année-là a été terrible, la comparaison s'arrête ici.
Car l'année 2022 est à présent l'année la chaude jamais relevée, a confirmé Météo France début août. Et la sécheresse des sols est inédite. "Au niveau national, depuis le 17 juillet, la France établit chaque jour un nouveau record de sécheresse des sols (sur un historique qui débute en août 1958)". En ce début août, les sols sont donc encore plus secs qu'ils ne l'étaient à la même date en 1976 et en 2003", relève le service de météorologie. Dans le sud du pays, la situation est encore plus préoccupante avec un record quotidien battu dès début juillet en Corse et même depuis mi-mai en Provence-Alpes-Côte d'Azur.
"D'ici le milieu du mois d'août, il est probable que cette situation s’aggrave encore, et que le record absolu de sécheresse des sols superficiels qui date de 2003 soit battu", prévient aussi Météo France, revenant ici sur une autre sécheresse importante dans le pays. Par ailleurs, l'organisme est formel sur le rôle du changement climatique dans l'accentuation du phénomène, qui, "du fait de l’augmentation de l’évaporation liée à la hausse des températures, renforce l’intensité et la durée des sécheresses des sols". Et ses effets sont déjà visibles dans plusieurs régions du Monde, comme le Bassin méditerranéen.
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