Des chercheurs japonais ont confirmé avoir trouvé des microplastiques dans les nuages.C'est la première fois que de telles particules sont retrouvées dans ces amas de vapeur d'eau situés en suspension dans l'atmosphère.Leur présence pourrait jouer un rôle dans la modification du climat.
Dans la glace de la banquise arctique, sur les plus hauts sommets du monde et désormais dans les nuages. Les microplastiques sont à présent partout autour du globe. Selon une étude publiée dans la revue Environmental Chemistry Letters, des scientifiques japonais ont confirmé avoir trouvé des traces de ces substances dans les nuages, au-dessus du Mont Fuji, à plus de 3770 mètres d'altitude, et du Mont Oyama. "À notre connaissance, c'est la première fois que des microplastiques en suspension sont confirmés dans l'eau des nuages", ont-ils écrit dans leur étude.
Les chercheurs ont trouvé neuf types de polymères et un de caoutchouc dans les microplastiques - des particules dont la taille est inférieure à 5 mm - transportés dans l'air. Pour avoir l'étude la plus précise possible, ils ont notamment analysé des échantillons récoltés dans une station isolée du Mont Fuji, leur permettant de récolter des particules d'eau non contaminées par des randonneurs ou les activités humaines.
Des microplastiques qui pourraient modifier le climat
Ces échantillons ont permis de retrouver en abondance des polymères hydrophiles, c'est-à-dire aimant ou attirant l'eau. "Cela suggère qu'ils ont pu avoir un rôle de condensateurs pour l'eau et la glace dans les nuages", pointent les scientifiques, qui avancent que "les microplastiques trouvés dans les nuages en haute altitude pourraient influencer la formation des nuages et modifier le climat". Selon l'auteur principal de l'étude, Hiroshi Okochi, lorsque les microplastiques atteignent la partie supérieure de l'atmosphère, et sont exposés aux ultraviolets du soleil, ils se dégradent, ce qui relâche des gaz à effet de serre et contribue ainsi au changement climatique. Une étude publiée en 2021 dans la revue Nature Communications avait déjà montré que ces particules étaient présentes au-dessus des nuages, transportées notamment par les vents.
"Si on ne s'attaque pas de façon proactive au problème de la 'pollution plastique de l'air', des changements dans le climat et des risques écologiques pourraient devenir une réalité, causant des dommages environnementaux graves et irréversibles à l'avenir", a insisté dans un communiqué Hiroshi Okochi.
Les microplastiques sont issus de la dégradation des rejets industriels, des déchets textiles ou encore des pneus de voitures ou des produits de soins personnels. Une pollution qui ne cesse de prendre de l'ampleur : en 20 ans, la production annuelle de plastique a plus que doublé pour atteindre 460 millions de tonnes, et elle pourrait tripler d'ici à 2060 si rien n'est fait.
Des traces de microplastiques ont récemment été retrouvées au fond des océans, dans l'estomac des oiseaux et au sommet des montagnes, mais aussi dans le sang, le lait maternel ou le placenta des être humains. Si les conséquences sur l'environnement de ces particules sont documentées, engendrant notamment une mortalité plus importante chez les animaux en obstruant leurs voies digestives, celles sur la santé humaine restent encore peu documentées. Un rapport choc - et parfois remis en cause - de l'ONG WWF avait estimé, en 2019, qu'un être humain ingère et inhale jusqu'à 5 grammes de plastique par semaine, l'équivalent d'une carte de crédit.
Pour tenter de réduire cette pollution, un traité international contre la pollution plastique doit être mis en place. La "première version" a été publiée début septembre, alors que 175 pays se sont engagés à signer le texte d'ici fin 2024.