Les astronomes ont trouvé un nouveau nom pour décrire le sentiment ressenti en ville par le manque de la vue d'un ciel étoilé.Ils ont appelé cette émotion la "noctalgie".Dans beaucoup de métropoles, la pollution lumineuse ne permet pas de distinguer les astres dans le ciel la nuit.
Avez-vous déjà ressenti une frustration, un manque ou un peu de tristesse lorsqu'en pleine ville la nuit, vous levez la tête et ne voyez rien d'autre qu'un ciel jaunasse ? Si c'est votre cas, vous avez peut-être déjà fait l'expérience de la "noctalgie", ce nouveau concept inventé par des scientifiques américains. Ce sentiment de manque d'un ciel étoilé "au naturel" a été relayé dans les médias américains après la parution fin août d'une publication dans la très sérieuse revue Science, dans laquelle deux professeurs d'astronomie regrettent "l'éclaircissement du ciel" à cause de la pollution lumineuse.
De nombreuses métropoles sont en effet concernées par ce phénomène, dû aux lumières utilisées en ville pour éclairer des bureaux, des magasins ou des rues en pleine nuit. Cela crée alors un halo jaune dans le ciel, conduisant à ne plus pouvoir distinguer les astres dans le ciel, à commencer par les étoiles. "Souvent, des sites sont éclairés à certaines heures de façon inutile, excessive, envahissante ou nocive", déplorent les deux chercheurs dans leur parution.
Une progression de la pollution lumineuse ces dernières années
Pour eux, la pollution lumineuse se traduit par un important "impact sur la santé humaine et écologique, les rythmes circadiens, les comportements migratoires [des animaux]..." Des conséquences importantes sur l'environnement, résultant donc sur la création de ce concept. "Nous proposons ici le terme de noctalgie pour exprimer le 'chagrin du ciel' face à la perte accélérée de l'environnement domestique de nos cieux partagés, une disparition ressentie à l'échelle mondiale et qui mérite son propre champ d'étude, la 'nyctologie'", soulignent les scientifiques.
En janvier, toujours dans la revue Science, une autre étude montrait que la pollution lumineuse avait doublé dans le monde en moins de vingt ans. Selon les observations de 51.000 citoyens scientifiques, la luminosité du ciel aurait ainsi progressé annuellement de 9,6% en moyenne entre 2011 et 2022. "Souvent, on croit qu’il n’y a que les grandes villes qui produisent de la lumière. Or, ce n’est pas le cas. La lumière se diffuse à distance des sources, sur des dizaines et des dizaines de kilomètres à la ronde", rappelait en juin à TF1info Anne-Marie Ducroux, porte-parole de l’Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturne (ANPCEN).
En France, certaines villes, comme Paris, Lyon ou Bordeaux ont déjà pris des mesures pour tenter de réduire la pollution lumineuse. Dans la capitale, les bureaux et les commerces doivent par exemple impérativement éteindre leur éclairage en fin de journée.