AGRICULTURE - Le ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume, a affirmé ce vendredi 26 juin, que l'objectif du "zéro glyphosate" en 2020 n'était pas réalisable. Même si la consommation à baisser selon le ministre, dans la réalité, il est bien compliqué pour les agriculteurs de se passer de cet herbicide classé cancérogène.
C'était une promesse d'Emmanuel Macron. En 2020, le glyphosate doit être interdit en France mais finalement, la date a été repoussée. Ce vendredi 26 juin, Didier Guillaume s'est félicité d'un recul des ventes de produits phytosanitaires de 35% mais déclaré également que l'objectif zéro glyphosate était pour le moment, impossible. "On n’y arrivera pas au “zéro glyphosate”, il faut dire la vérité. Dire que nous devrions tout arrêter, c’est tromper les gens, c’est partir dans une aventure qui serait dramatique, parce que si on dit “zéro glyphosate”, on arrêtera de produire de l’alimentation", a estimé le ministre, sur France Info.
En effet, nombre d'agriculteurs sont de cet avis : ne plus utiliser de glyphosate dans six mois, paraît irréaliste. C'est le cas de Cyrille Milard. Dans son exploitation, ce produit lui permet d'éliminer les coquelicots et ambroisies, des graines toxiques pour l'homme qui pourrait polluer ses récoltes et ainsi les dévaluer. "On a des obligations de résultats de production et on ne peut pas se permettre d'avoir des mauvaises herbes dans nos cultures avec le risque que ce soit déclassé", explique l'agriculteur. "Si on m'interdit le glyphosate, dans 5 ans, je n'ai plus de revenus", dit-il.
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L'alternative : la culture croisée
A l'inverse, Jean-Bernard Lozier a fait une croix sur le glyphosate, notamment grâce aux machines dont une qui scalpe les plantes, les coupe et les fait mourir. Il appelle d'ailleurs cela le "glyphosate mécanique". Mais il s'est aussi penché sur des techniques innovantes comme la culture associée. Dans ce cas précis, il associe le colza et les trèfles.
La culture associée est un système de culture qui consiste à cultiver plusieurs espèces végétales ou variétés sur la même parcelle de terre et en même temps. Ces plantes peuvent ainsi s'échanger divers services. "Le colza pousse en hauteur, le trèfle reste au sol et il peut empêcher les mauvaises herbes de pousser", explique-t'il.
C'est l'une des techniques qui permet de réduire voire de supprimer l'utilisation de désherbants. Mais ce n'est pas la seule explication à la baisse des ventes de ces produits. De plus en plus d'agriculteurs tentent de réduire leur utilisation de désherbant chimique et 5000 d'entre eux se sont convertis à l'agriculture biologique en 2018.
Le glyphosate est le pesticide le plus vendu au monde, avec plus de 800 000 tonnes répandues chaque année. En France il devait être interdit dès l'année prochaine mais Emmanuel Macron a renoncé à cet objectif. Le gouvernement a demandé aux scientifiques d'accélérer la recherche de produits alternatifs, qui doivent suppléer le glyphosate et autre désherbants. Le glyphosate sera interdit dans toute l'Union européenne en 2022.