Près d'un million d'oiseaux morts en raison du réchauffement de l'océan en 2015

Publié le 20 janvier 2020 à 16h10
Dix-neuf macareux huppés retrouvés morts le 19 octobre 2016 sur une plage des îles Pribilof, en Alaska.
Dix-neuf macareux huppés retrouvés morts le 19 octobre 2016 sur une plage des îles Pribilof, en Alaska. - Source : "AFP PHOTO / Aleut Community of St Paul Island Ecosystem Conservation Office

CARNAGE - En l'espace de quelques mois, entre 2015 et 2016, près d'un million de guillemots de Troïl auraient péri sur la côte ouest des Etats-Unis et d'Alaska. Pour les scientifiques, qui ont publié une étude sur cette hécatombe le 15 janvier dernier, ce phénomène est directement lié à une vague inédite de chaleur marine dans le Pacifique Nord, notamment due au réchauffement climatique.

Décharnés, émaciés... Entre l'été 2015 et le printemps 2016, 62.000 carcasses d'oiseaux de mer ont été ramassées par des biologistes et des bénévoles sur la côte ouest des Etats-Unis, jusqu'en Alaska. Pour les scientifiques, qui n'avaient encore jamais vu cela, les quantités d'oiseaux morts, des guillemots de Troïl, ne correspondent qu'à 5 à 10% du nombre total de spécimens décédés, soit un bilan se situant entre 600.000 et 1,2 million. Dans une étude parue le 15 janvier dans la revue PLOS ONE, ils affirment que le phénomène est directement lié à une vague inédite de chaleur marine dans le Pacifique Nord, qui a réduit la qualité et la quantité du phytoplancton et a bouleversé la chaîne alimentaire.

Une compilation de plusieurs phénomènes, dont le réchauffement climatique

Le réchauffement de l'océan a été provoqué cette année-là par la coïncidence de phénomènes météorologiques naturels et cycliques, El Nino et l'Oscillation décennale du Pacifique, ainsi que d'une grande masse d'eau relativement chaude apparue dans le Pacifique à cette époque, appelée le "blob". À cela s'ajoute une tendance claire : le réchauffement des océans année après année. Le 13 janvier, une étude parue dans la revue scientifique Advances in Atmospheric Sciences montrait que, alors que les océans se sont réchauffés progressivement entre 1955 et 1986, la hausse des températures s'est accélérée rapidement ces dernières décennies. Entre 1987 et 2019, le réchauffement était ainsi 450% plus important que précédemment. Selon les auteurs de ces travaux, la décennie passée a été la plus chaude jamais enregistrée dans les océans, les cinq dernières années détenant le record.

Un effet domino sur la chaîne alimentaire

En réduisant la qualité et la quantité du plancton, la vague de chaleur de 2015 a affecté les poissons qui en dépendent, comme les sardines, les harengs ou les anchois, ce qui a marqué en conséquence une réduction du nombre de proies disponibles, notamment pour les oiseaux. S'ils sont ni plus ni moins qu'"une force de la nature", selon John Piatt, biologiste de l'agence fédérale United States Geological Survey interviewé par l'AFP, les guillemots de Troïl possèdent néanmoins une faiblesse : l'obligation de manger chaque jour deux fois leur poids. "Tout dépend de leur muscle de poitrine : s'ils ne peuvent pas manger pendant trois ou quatre jours, ils brûlent tout leur muscle" et ne peuvent plus voler ni plonger.

"Un océan plus chaud est un environnement très différent et crée un écosystème côtier très différent pour de nombreuses espèces", indique également à l'AFP la co-autrice de l'étude, Julia Parrish, de l'université de Washington. Les oiseaux sont le premier signal.

Un certain nombre d'individus d’autres espèces sont morts massivement au cours de cette période, notamment des macareux huppés, des stariques de Cassin, des lions de mer et des baleines. Mais la mortalité des guillemots de Troïl était de loin la plus importante, fait savoir un communiqué de l'université de Washington.

En comparaison, après la marée noire du pétrolier Exxon-Valdez en mars 1989 au large de l'Alaska, 30.000 carcasses d'oiseaux avaient été ramassées, menant à une estimation totale de 300.000 à 600.000 volatiles morts.


La rédaction de TF1info

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