COÛTS - Les écologistes sont vent debout contre la décision d’Emmanuel Macron de construire de nouveaux EPR, affirmant régulièrement que cette énergie est beaucoup plus chère que le renouvelable. Nous avons démêlé le vrai du faux à partir des dernières publications existantes.
Mise à jour du 15/11 : l'article a été complété par un extrait du rapport de RTE, qui préconise un mix énergétique comme le scénario le plus compétitif en 2050, et par des précisions quant à sa méthode de calcul. Une première version intégrait seulement la comparaison du coût individuel des énergies.
Face aux besoins énergétiques et à la flambée des prix qui survient en pleine campagne présidentielle, le sujet est éminemment politique. Gaz, nucléaire ou éolien, chaque responsable politique a la solution pour une énergie répondant à la demande et dans une logique de transition écologique. Prônant une société strictement fondée sur des énergies renouvelables, les écologistes avancent régulièrement l’argument financier.
Cela a été de nouveau le cas ce lundi 15 novembre avec Yannick Jadot et Sandrine Rousseau, invités respectivement de France Inter et de LCI. Pour le candidat EELV, "le nucléaire coûte en réalité bien plus cher" que le renouvelable tandis que pour son alliée dans la campagne, "construire des nouvelles centrales est plus cher qu’investir dans le renouvelable". Alors, l’argument est-il tenable ? Peut-on mentionner le prix de l’énergie nucléaire pour défendre le renouvelable ?

D’abord, de quoi parle-t-on lorsque l’on évoque le nucléaire et les énergies renouvelables ? D’un côté, on parle des dernières générations de centrales et non pas des plus anciennes dont le coût est "déjà amorti", selon Anne Bringaut, coordinatrice du Réseau Action Climat (RAC). De l’autre, on vise l’ensemble de l’énergie renouvelable existante : l’énergie éolienne, hydraulique, solaire, ou encore tirée de la biomasse ou de la géothermie.
Une étude du Réseau de Transport d’Électricité (RTE) a été publiée le 25 octobre sur ce sujet précis. Très attendue, elle détaille plusieurs scénarios pour la future production énergétique de la France, à la lumière de deux impératifs : la garantie d’un approvisionnement en électricité et la neutralité carbone en 2050. Plusieurs critères sont alors pris en compte, comme l’impact environnemental et le coût final. Et pour comparer le coût d’une énergie, il s’agit selon RTE de "comparer le coût complet des différentes options (coût système) et non le coût individuel de chaque technologie".
Des coûts en baisse pour le renouvelable ?
À partir de cette approche, RTE considère que les scénarios intégrant la construction de nouvelles centrales sont un peu moins couteux que celui fondé sur du 100% énergies renouvelables même si les "énergies renouvelables produisent de l’énergie à un coût complet rapporté à leur production qui est plus faible que celui des nouveaux réacteurs nucléaires". RTE explique cela par "l’intégration de volumes importants d’éoliennes ou de panneaux solaires engendre de très importants besoins en flexibilités (stockage, pilotage de la demande et nouvelles centrales d’appoint) pour pallier leur variabilité, ainsi que des renforcements des réseaux (raccordement, transport et distribution)". En d'autres termes, la production d'énergies renouvelables est moins chère en valeur absolue mais comporte des variables (comme celle de ne pas fonctionner 24h/24) qui la rendent moins "compétitive" si elle n'est pas associée à des EPR, explique RTE.
Philippe Quirion, directeur de recherche en économie de l’énergie au CNRS et de l'association négaWatt, se montre plus sceptique. "Ça dépend du coût du futur nucléaire", avance-t-il. "L’industrie nucléaire nous dit que les prix vont baisser. C'est probable, mais de combien ? Si l’on prend les générations précédentes de centrales, on a effectivement eu une baisse des coûts au sein d'une génération donnée de centrales, mais une hausse des coûts d'une génération de centrales à l'autre. Cette baisse était modérée, de l’ordre de 20%. Si la baisse est de cet ordre-là, cela coutera moins cher d’avoir un système 100% renouvelable. Mais si le coût du nucléaire se divise par deux, comme le supposent les plus optimistes, alors cela peut être moins cher d’avoir une part de nouvelles centrales dans le futur mix énergétique". Une dernière hypothèse qui ne s'est encore jamais vérifiée sur les précédentes générations de centrales nucléaires, selon le chercheur.
Une autre affirmation est présente dans l’argumentaire de Yannick Jadot : le fait que "les coûts du nucléaire ne font qu’augmenter quand ceux des énergies renouvelables ne font que baisser". Pour ce faire, le candidat écologiste se fonde sur les conclusions du récent rapport de RTE, du même acabit : "Alors que le nucléaire historique s’est révélé très compétitif et le demeure aujourd’hui, les réacteurs de troisième génération ont vu leur coût s’accroître tandis que celui des énergies renouvelables a diminué".
Vous souhaitez nous poser des questions ou nous soumettre une information qui ne vous paraît pas fiable ? N'hésitez pas à nous écrire à l'adresse lesverificateurs@tf1.fr. Retrouvez-nous également sous Twitter : notre équipe y est présente derrière le compte @verif_TF1LCI.
Sur le
même thème
même thème
Tout
TF1 Info
TF1 Info
- 1Températures record et risque d'incendie maximal sur la Côte d'Azur pour le week-end de l'AscensionPublié aujourd'hui à 10h44
- 2"Je me retrouve avec un terrain inconstructible" : la colère de propriétaires de GirondePublié le 25 mai 2022 à 16h51
- 4Le salaire des profs débutants est-il passé de 2,3 SMIC en 1980 à seulement 1,1 SMIC aujourd'hui ?Publié le 25 mai 2022 à 15h59
- 5Cannes 2022 : le réalisateur ukrainien Sergei Loznitsa juge le boycott des artistes russes "grotesque"Publié le 25 mai 2022 à 8h16
- 6Cannes 2022 : Bilal Hassani, méconnaissable sur le tapis rougePublié hier à 12h50
- 7Plus fort que le Louvre : le serpent de Saint-Brevin cartonne sur Google Street ViewPublié aujourd'hui à 9h58
- 9Pénurie de moutarde : le "coup de gueule nécessaire" d'un restaurateur bretonPublié aujourd'hui à 9h55
- 10
- 1Plus de trois siècles après, la dernière "sorcière de Salem" réhabilitéePublié aujourd'hui à 19h42
- 3VIDÉO - Russie : un élu communiste se lève pour demander la fin de la guerre en UkrainePublié aujourd'hui à 19h20
- 4Variole du singe : est-il vrai qu'il n'existe "aucun traitement" ?Publié aujourd'hui à 18h58
- 5CARTE - La sécheresse gagne du terrain : quels sont les départements visés par des restrictions d'eau ?Publié aujourd'hui à 18h30
- 6Variole du singe : les cas détectés pourraient n'être que "le sommet de l'iceberg", prévient l'OMSPublié aujourd'hui à 18h18
- 7VIDÉO - Comment l'IA utilise vos faits et gestes quand vous visitez un lieu touristiquePublié aujourd'hui à 18h11
- 8Marseille : le père de famille poignardé devant ses enfants est décédéPublié aujourd'hui à 17h49
- 9Sécheresse : la galère des propriétaires de maisons fissurées pour se faire indemniserPublié aujourd'hui à 17h46
- 10PHOTOS - Cannes 2022 : Adriana Lima, Nabilla, Michelle Williams… Baby-boom sur la CroisettePublié aujourd'hui à 17h45
- 1VIDÉO - Orque perdue dans la Seine : "On a affaire à un animal malade"Publié hier à 10h56
- 2
- 4VIDÉO - Une jeune orque "affaiblie" repérée dans la SeinePublié le 25 mai 2022 à 12h02
- 5Sécheresse : des restrictions d'eau dans 10 départementsPublié le 22 avril 2022 à 17h20
- 6Sécheresse et vent : déjà des incendiesPublié le 20 mai 2022 à 13h04
- 7L’équilibre des trois piliers du développement durable n’existe pasPublié le 23 mai 2022 à 15h53
- 8Australie : combien de temps faudra-t-il à la végétation pour repousser ?Publié le 17 janvier 2020 à 11h20
- 9VIDÉO - "Un bruit incessant" : les perruches, cauchemar des habitants d'AntibesPublié le 19 avril 2022 à 9h39
- 10Sécheresse en France : Marseille manquera-t-elle d'eau potable cet été ?Publié le 10 mai 2022 à 19h18
- InternationalFusillade aux États-Unis : 19 enfants tués dans une école au Texas
- Police, justice et faits diversUn grand patron incarcéré pour "traite d'êtres humains" et "viols sur mineure"
- Trafic d'êtres humains
- Olivia Grégoire
- PolitiqueDamien Abad accusé de violences sexuelles, un ministre dans la tourmente