NAISSANCE AU FORCEPS - La COP26 a adopté ce samedi un "pacte de Glasgow" destiné à accélérer la lutte contre le changement climatique. Jugé décevant par beaucoup, il a été trouvé après de nombreux compromis et n'assure pas de contenir le réchauffement à 1,5°C ni répondre aux demandes d'aide des pays pauvres.
Avec 48h de retard et après deux semaines de négociations éprouvantes, les représentants de 200 nations présents à la COP26 ont accouché ce samedi soir d'un accord. Ce "pacte de Glasgow" est destiné à accélérer la lutte contre le réchauffement climatique, mais sans assurer de le contenir à 1,5°C ni répondre aux demandes d'aide des pays pauvres. Beaucoup déjà, considèrent ce texte comme un échec.
Les représentants ont eu du mal à s'entendre sur les principaux points de blocage, tels que l’élimination progressive du charbon, les subventions aux combustibles fossiles et le soutien financier aux pays à faible revenu. L'adoption définitive du texte est finalement intervenue après des changements de dernière minute introduits par la Chine et l'Inde sur la question des énergies fossiles. Des bouleversements concernant lesquels le président de la COP26 s'est dit d'une voix émue et les larmes aux yeux "profondément désolé". Il avait plus tôt estimé que l'accord "inaugure une décennie d'ambition croissante" en matière de climat.
Réduire les combustibles fossiles plutôt que les abandonner
L’Inde a proposé ce samedi un changement de dernière minute concernant le terme employé pour les combustibles fossiles dans le pacte, passant d’une "élimination progressive" du charbon à une "réduction progressive". "Les pays en développement ont le droit à leur juste part du budget carbone mondial et à un usage responsable des énergies fossiles", a déclaré le représentant indien. "Comment peut-on s'attendre à ce que les pays en développement puissent faire des promesses sur l'élimination progressive des subventions au charbon et aux combustibles fossiles ?", a-t-il aussi questionné.
Face à l'insistance de l'Inde, mais aussi de la Chine, les pays adverses ont finalement cédé. La version définitive appelle à "intensifier les efforts vers la réduction du charbon sans systèmes de capture (de CO2) et à la sortie des subventions inefficaces aux énergies fossiles".
Des "aménagements" possibles sur les réductions des émissions de gaz à effets de serre
Sur le point critique de la limitation des températures, alors que la planète se trouve selon l'ONU sur une trajectoire "catastrophique" de réchauffement de 2,7°C par rapport à l'ère pré-industrielle, le texte appelle les États membres à relever leurs engagements de réductions plus régulièrement que prévu dans l'accord de Paris, et ce dès 2022. Mais avec la possibilité d'aménagements pour "circonstances nationales particulières", point qui a suscité les critiques des ONG sur les ambitions réelles du texte.
Le compromis trouvé n'assure d'ailleurs pas le respect des objectifs de l'accord de Paris, limiter le réchauffement "bien en deçà" de 2°C et si possible à 1,5°C. Il offre cependant des perspectives permettant à la présidence britannique d'afficher un succès sur son objectif de voir Glasgow "garder 1,5 en vie". Les experts avertissent régulièrement que "chaque dixième de degré compte" alors que se multiplient déjà les catastrophes liées au changement climatique : inondations, sécheresses ou canicules, avec leur cortège de dégâts et de victimes.
L'aide aux pays pauvres, un problème sans solution
Le dossier explosif de l'aide aux pays pauvres, qui a un temps semblé pouvoir faire dérailler les négociations, n'a par contre pas trouvé de résolution.
Échaudés par la promesse toujours non tenue des plus riches de porter à partir de 2020 leur aide climat au Sud à 100 milliards de dollars par an, les pays pauvres, les moins responsables du réchauffement mais en première ligne face à ses impacts, demandaient un financement spécifique des "pertes et préjudices" qu'ils subissent déjà. Mais les pays développés, au premier rang desquels les États-Unis, qui redoutent de possibles conséquences juridiques, s'y sont fermement opposés. À contrecœur, les pays pauvres ont cédé, acceptant une poursuite du dialogue afin ne pas perdre les avancées sur la lutte contre le réchauffement, dont les effets les menacent déjà directement. Tout en se disant "extrêmement déçus".
C'est mou, c'est faible.
Jennifer Morgan, patronne de Greenpeace International
Si le chef du gouvernement britannique, Boris Johnson, a estimé ce samedi soir que le Pacte était "un grand pas en avant", il n'est, pour Teresa Anderson, de l'ONG ActionAid International, qu'une "une insulte aux millions de personnes dont les vies sont ravagées par la crise climatique".
L'égérie du mouvement mondial des jeunes pour le climat, Greta Thunberg, n'était pas plus tendre, dénonçant sur Twitter "un tsunami de greenwashing" pour tenter de faire passer ce Pacte de Glasgow pour "un pas dans la bonne direction".
Now as #COP26 is coming to an end, beware of a tsunami of greenwashing and media spin to somehow frame the outcome as “good”, “progress”, “hopeful” or “a step in the right direction”. — Greta Thunberg (@GretaThunberg) November 13, 2021
"C'est mou, c'est faible, et l'objectif de 1,5°C est à peine en vie, mais il y a un signal sur la fin de l'ère du charbon. Et c'est important", s'est malgré tout réjouit Jennifer Morgan, patronne de Greenpeace International. L'Union européenne reste elle aussi positive, estimant que la COP26 "maintient les objectifs de l'accord de Paris en vie".
Le secrétaire général des Nations Unies, lui, a qualifié l'accord de "compromis" plein de "contradictions". "La catastrophe climatique frappe toujours à la porte", a-t-il fait remarquer.
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