SIX ANS PLUS TARD - Le sommet mondial sur le climat de Glasgow doit permettre aux États d’être plus ambitieux qu’il y a six ans, pendant l’Accord de Paris. Mais les déconvenues sont nombreuses et ce rendez-vous particulièrement attendu pourrait être loupé.
C’était un sommet historique, vu les engagements pris en faveur du climat et le nombre de pays signataires (196 à l'époque). Six ans plus tard, les États doivent rehausser ces fameux engagements à l’occasion de la COP26, qui se tiendra à partir du 31 octobre à Glasgow, en Écosse. Mais pour certains, cela se fera à marche forcée : après un an et demi de pandémie, la relance de l’économie est vue comme la priorité.
Adaptation, financement et collaboration
Cette Conférence des Parties est pourtant l’occasion d’aller plus loin que l’accord conclu lors de la COP21 et d’"honorer la promesse faite à Paris", selon le président de la COP Alok Sharma. Celle-ci prévoyait une clause selon laquelle les États devaient soumettre cinq ans plus tard des engagements climatiques plus ambitieux en matière de réductions des émissions de gaz à effet de serre. Pour ce faire, le député britannique a fixé quatre objectifs à chaque signataire de l’accord : la réduction des émissions, l’adaptation au changement climatique, le financement et la collaboration.
Si de telles injonctions sont faites, c’est que la plupart des rapports publiés aujourd’hui montrent que les objectifs de l’Accord de Paris, quand bien même ils seraient tenus, ne permettront pas d’atteindre l’objectif de limiter d'au moins 1,5°C la hausse des températures d’ici à la fin du siècle par rapport à la période préindustrielle. En prévision du sommet mondial, quelque 150 États sur 191 se sont déjà attelé à réviser leurs engagements et ont remis leur feuille de route. C’est le cas des pays européens, des États-Unis, de la Chine ou de l’Afrique du Sud.
Mais d’autres ne jouent pas le jeu et n’ont pas pris de nouveaux engagements plus conséquents pour réduire les émissions de gaz à effet de serre : la Russie, le Brésil, mais aussi l’Australie. La Chine, premier pollueur mondial, a remis ses nouveaux objectifs à trois jours de l'ouverture de la COP26 sans convaincre grand monde. En substance, Pékin reprend ceux déjà formulés par le président Xi Jinping : atteindre son pic d'émissions "avant 2030" et la neutralité carbone "avant 2060". Et a également promis de ne plus construire de centrales à charbon à l’étranger. Mais avec la hausse des prix de l’électricité, qui se répercute partout sur le globe, la Chine a fait le choix du rétropédalage et relancé ses centrales polluantes pour faire face à la pénurie. Sa production de charbon va ainsi augmenter de près de 6% malgré les alertes passées à propos de l’impact environnemental des énergies fossiles.
Et Xi Jinping, retenu pour cause de pandémie, ne se rendra pas à Glasgow pour ce grand rendez-vous sur le climat, qui réunit près de 3000 participants. Du côté de la Russie, qui n’a pas été plus ambitieuse dans sa nouvelle feuille de route, Vladimir Poutine n'a pas l'intention non plus de faire le déplacement en Écosse. Contrairement au Premier ministre australien, réputé pour ses positions climatosceptiques, qui assistera bien à la COP26.
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Dans le même temps, plusieurs entreprises ayant investi dans le sommet mondial ont fait part de leur embarras après avoir qualifié son organisation de chaotique. De l’opérateur Sky à l’Américain Microsoft en passant par le groupe Ikea, une dizaine de grands sponsors ont alors accusé la COP26 d’être "mal géré" et "de toute dernière minute", selon les informations du Guardian.
Des critiques qui en disent long sur l’ouverture de ce sommet, déjà reporté une fois en raison de la crise sanitaire. Et les acteurs les plus impliqués dans le combat contre la crise climatique se montrent eux-mêmes désabusés. À l’AFP, la militante suédoise Greta Thunberg confiait récemment ne pas y croire à ce stade : "Dans l’état actuel des choses, cette COP n’amènera pas de grands changements." La fondatrice du mouvement Fridays for Future y assistera malgré tout.