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Les pénuries d'eau s'aggravent, l'ONU évoque un risque "imminent" de crise mondiale

par M.L (avec AFP)
Publié le 22 mars 2023 à 11h02
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Source : JT 20h Semaine

Alors qu'une conférence de l'ONU sur l'eau s'ouvre aujourd'hui à New York, l'organisation internationale fait un constat alarmant sur les ressources mondiales.
Deux milliards de personnes n'ont pas accès à l'eau potable et les pénuries sont déjà un problème criant.
Ces situations risquent de s'aggraver dans les décennies à venir, notamment sous l'effet du changement climatique.

Des ressources qui se raréfient, une eau potable qui manque à l'appel, des sécheresses et des inondations qui se multiplient... Des milliards de personnes sont déjà frappées par des problèmes liés à l'eau, avec un risque "imminent" de crise mondiale, met en garde un rapport de l'ONU publié mardi. Sous la pression de la surconsommation et du changement climatique, les pénuries d'eau "tendent à se généraliser", alerte-t-il.

Quelque deux milliards de personnes sont privées d'accès à l'eau potable, et 3,6 milliards n'ont pas accès à des services d'assainissement gérés de façon sûre, souligne cette étude de l'ONU-Eau et de l'Unesco, à quelques heures de l'ouverture d'une rare conférence de l'ONU sur l'eau à New York (États-Unis). 

Jusqu'à 2,4 milliards d'urbains touchés par des pénuries en 2050

Pour cause, entre 100 et 200 km³ des réserves d'eau souterraine sont épuisés chaque année. L'utilisation de l'eau a augmenté environ de 1% par an dans le monde ces 40 dernières années, et environ 10% de la population mondiale vit aujourd'hui dans un pays où le stress hydrique (rapport entre l'utilisation de l'eau et sa disponibilité) atteint un niveau élevé ou critique, limitant "considérablement" la disponibilité de l'eau pour les besoins des personnes. 

La situation est particulièrement tendue dans les villes : le nombre d'habitants des zones urbaines menacés par les pénuries d'eau devrait passer de 933 millions en 2016, et entre 1,7 et 2,4 milliards en 2050. L'Inde devrait être le pays le plus gravement touché. Selon le rapport des experts climat de l'ONU (Giec) publié lundi, "environ la moitié de la population mondiale" subit de "graves" pénuries d'eau pendant au moins une partie de l'année, des phénomènes renforcés par le changement climatique. 

Sécheresses et inondations, combo foudroyant

Par ailleurs, avec le réchauffement de la planète, l'humidité dans l'atmosphère augmente environ de 7% par degré supplémentaire, entraînant davantage de précipitations, plus intenses et moins régulières, d'après l'ONU-Eau. Entre 2000 et 2019, les inondations auraient provoqué 650 milliards de dollars de dégâts, touché 1,65 million de personnes et causé plus de 100.000 morts, selon le rapport. Le réchauffement multiplie aussi les sécheresses qui, sur la même période, ont concerné 1,43 million de personnes et causé 130 milliards de dollars de dommages. Ensemble, sécheresses et inondations comptent pour plus de 75% des catastrophes naturelles subies par l'humanité.

Près de la moitié de la population privée de services d'assainissement sûrs

L'institution relève aussi des problèmes récurrents d'assainissement et d'hygiène. En 2020, 2 milliards de personnes (26% de la population) étaient toujours privées d'une eau potable sûre et 3,6 milliards (46% de la population) n'avaient pas accès à des services d'assainissement gérés de façon sûre. Parmi eux, 494 millions n'avaient d'autre choix que de faire leurs besoins en plein air. Toujours en 2020, plus de 40% des eaux usées domestiques n'étaient pas traitées de manière sûre avant d'être rejetées dans l'environnement.

En outre, 2,3 milliards de personnes (29 % de la population mondiale) ne bénéficiaient pas de services d'hygiène de base. Et au moins deux milliards de personnes boivent de l'eau contaminée par des excréments. Des conditions propices à la propagation du choléra, de la dysenterie, ou de la polio. En 2019, 1,4 million de morts auraient été causées par l'absence de services d'hygiène et d'assainissement adéquats.

Plus de 1000 milliards de dollars par an nécessaires

Mais les risques viennent aussi de polluants émergents comme les produits pharmaceutiques et chimiques, pesticides ou nanomatériaux. Ces pollutions touchent également les écosystèmes d'eau douce, qui sont "parmi les plus menacés dans le monde", victimes notamment des ruissellements d'origine agricole. "La perte de services environnementaux et de biodiversité devrait se poursuivre au fur et à mesure que les zones naturelles disparaissent au profit de terres cultivées", s'inquiète aussi le rapport. 

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Quant aux financements nécessaires pour tenter de répondre à ces multiples problèmes, les estimations sont difficiles, mais une étude citée par le rapport évalue à plus 1000 milliards de dollars par an les investissements nécessaires pour atteindre d'ici à 2030 le sixième "Objectif de développement durable" de l'ONU, sur l'eau et l'assainissement pour tous. Pour garantir notamment un accès universel et équitable à un approvisionnement en eau potable d'ici à 2030, il faudrait multiplier par trois les niveaux d’investissement actuels.


M.L (avec AFP)

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