Réchauffement : sans réduction des gaz à effet de serre, Météo France craint des étés à plus de 50°

Publié le 1 février 2021 à 15h16, mis à jour le 6 février 2021 à 22h42
Réservoir de Los Laureles (Honduras) à sec le 22 avril 2019.

Réservoir de Los Laureles (Honduras) à sec le 22 avril 2019.

Source : ORLANDO SIERRA / AFP

PROJECTIONS MÉTÉOROLOGIQUES - Les émissions de gaz à effet de serre pourraient conduire à un réchauffement global du climat de l'Hexagone. Selon les nouvelles estimations de Météo France, les températures moyennes risquent d’augmenter de 3,9 °C sur la période 2070-2100 par rapport à 1976-2005.

"Dans les deux ou trois prochaines décennies, le futur est déjà écrit : le réchauffement va se poursuivre. Mais à partir de 2040-2050, tout est possible. Cela dépend de nos actions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Soit le réchauffement s'atténue, soit on va arriver à un climat très éloigné de celui qu'on connaît actuellement en France". Directeur adjoint de la climatologie à Météo France, Jean-Michel Soubeyroux table sur une véritable surchauffe de l'Hexagone d'ici à la fin du siècle. 

Les pics de température frôlant les 50 °C pourraient devenir habituels, les vagues de chaleur longues et intenses se succéder. Le rapport Drias, dont il est le coordinateur, confirme ces prévisions. Rendu public ce lundi par Le Monde, ce document repose sur une trentaine de simulations du climat futur en collaboration avec l’Institut Pierre Simon Laplace (IPSL) et le Centre européen de recherche et de formation avancée en calcul scientifique (Cerfacs). Il actualise le précédent jeu de données, datant de 2014. 

Jusqu'à 3,9°C supplémentaires

Les données rassemblées permettent de dresser trois scénarios en fonction de l'intensité des émissions de gaz à effet de serre en France métropolitaine pour trois périodes (2021-2050, 2041-2070 et 2071-2100). Dans le premier, la décroissance rapide des rejets carbonés permet d'atteindre la neutralité carbone en 2070. La montée du mercure serait alors contenue à hauteur de +1°C. Le second scénario prévoit des émissions qui continuent de s'intensifier pendant quelques années avait de décroître à partir du milieu du siècle. En moyenne, le réchauffement serait alors de 2,1°C. Le troisième, enfin, modélise une montée ininterrompue des niveaux de gaz à effet de serre. La température augmenterait alors d'environ 3,9°C par rapport à la période 1976-2005. En été, le thermomètre pourrait même afficher 6°C supplémentaires. 

Quelle que soit la tendance, le réchauffement ne se fait pas de manière homogène. Il est ainsi plus marqué sur les zones de montagne (Alpes et Pyrénées notamment). De même, une division Sud-Est/Nord-Ouest apparaît : le mercure est 1 °C moins élevé de la Bretagne aux Hauts-de-France qu’en Provence-Alpes-Côte d’Azur et en Occitanie. Plus le thermomètre monte, plus cette fracture s'intensifie. 

Le nombre de jours de canicules décuplé, des pointes à 50°C

Selon l'étude relayée par Le Monde, le réchauffement climatique va s'accompagner de plusieurs dérèglements. Les événements météorologiques intenses et extrêmes risquent de devenir de plus en plus réguliers. Le nombre de jours de vagues de chaleur - période avec une température excédant de plus de 5 °C une valeur climatologique de référence - va inexorablement augmenter. Dans la trajectoire la plus optimiste, il est multiplié par deux ; par trois à quatre dans le scénario intermédiaire et par cinq à dix dans le plus pessimiste. 

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Si les émissions de gaz à effet de serre continuent de croître inexorablement, une moyenne de 20 à 35 jours de canicule par an pourrait être atteinte à la fin du siècle, contre 3 à 4 jours sur la période de référence 1976-2005. Cette période pourrait encore s'étendre dans certaines régions traditionnellement plus chaudes, l'arc méditerranéen par exemple. Interrogé par Le Monde, le climatologue Robert Vautard, directeur de l’IPSL, avertit : "Dans un monde plus chaud de 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle, les étés seront tous, en moyenne, comme les plus chauds que nous connaissons aujourd’hui. Les étés les plus chauds à ce moment-là seront donc bien plus intenses qu’actuellement, avec potentiellement des pointes journalières à 50 °C". Des conditions qui se rapprocheraient de celles de l'Afrique du Nord. Au contraire, le nombre de vagues de froid recule dans tous les scénarios, de manière plus ou moins radicale. 

Une évolution hétérogène du niveau de précipitations

Enfin, le cycle des précipitations pourrait être bouleversé par ces soudaines montées des températures. Selon les données, "le cumul moyenné à l’échelle de la France est en légère hausse pour les trois scénarios entre +2 % et +6 % selon les horizons et scénarios". Le rapport précise toutefois que cette faible hausse faible reste relativement incertaine. Toutefois, une évidence émerge, cette évolution sera assortie d'une "forte modulation saisonnière". La "hausse systématique en hiver, souvent

supérieure à +10 %" devrait s'accompagner d'une "baisse quasi systématique en été, se renforçant au cours des horizons pour atteindre -10 à -20 %". Quoiqu'il en soit, la division géographique semble aussi s'accentuer en fonction des scénarios : les précipitations augmenteront au Nord et diminueront au Sud. Dans tout l'Hexagone, la probabilité et l'intensité de précipitations extrêmes se font aussi légèrement plus fortes.

Découvrez dans ce podcast d'Impact positif, le portrait de Camille Étienne, étudiante engagée pour le climat

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Bienvenue dans le podcast "Impact positif", dédié à celles et ceux qui veulent changer la société et le monde. Devant l’urgence climatique, la crise démocratique, une société aux inégalités croissantes, certains ont décidé de ne pas rester les bras croisés, ils ont un coup d’avance, l’audace de croire qu’ils peuvent apporter leur pierre à l’édifice. Ils sont ce que l’on appelle des Changemakers.


Maxence GEVIN

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