STATS - Émissions de gaz à effet de serre, réchauffement, blocages diplomatiques, crise agricole, coûts financiers... Plusieurs indicateurs montrent que la crise climatique s'installe et produit des effets très concrets sur nos sociétés.
L'année 2018 a offert une belle moisson d'indicateurs démontrant la gravité du réchauffement climatique et de ses effets - concrets ou prévisibles - sur la France et le monde. LCI a choisi 10 chiffres qui expliquent et illustrent l'accélération de ce phénomène, alors que l'année s'achève sur le semi-échec de la 24e conférence de l'ONU sur le changement climatique.
37,1 milliards de tonnes
En 2018, les émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2) produites par la combustion d'énergies fossiles devraient atteindre atteindre 37,1 milliards de tonnes, selon une estimation du Global Carbon Project, un groupe scientifique qui tente de chiffrer les émissions de gaz à effet de serre, dont fait partie le CO2. Ces émissions de CO2 seraient en hausse, suivant la marge d'incertitude, de 1,8% à 3,7% par rapport à 2017, après avoir déjà augmenté par rapport à 2016. En France aussi, ces émissions de CO2 avaient progressé de 3,2 % en 2017 par rapport à 2016, car le retour de la croissance économique engendre une hausse de la consommation d'énergie, particulièrement dans les transports et le bâtiment.
Les émissions de carbone dans le monde, par type d'énergie fossile et par principaux pays pollueurs #AFP pic.twitter.com/PSNzOnJECx — Agence France-Presse (@afpfr) 6 décembre 2018
Le CO2 est le principal gaz à effet de serre (GES), avec le méthane (CH4), l'ozone (O3), le protoxyde d'azote (N2O) ou les hydrofluorocarbures (HFC). En 2017, ces émissions cumulées de tous les GES avaient atteint le niveau historique de 53,5 gigatonnes (Gt) - ou milliards de tonnes - équivalent CO2, soit 0,7 Gt de plus qu'en 2016, souligne le PNUE (Programme des Nations unies pour l'environnement). Or, pour rester à 2°C de réchauffement, il faudrait émettre au maximum 40 Gt équivalent CO2 en 2030, et 24 Gt pour rester à 1,5°C de réchauffement, ce qui signifierait un quintuplement des engagements de réduction d'émissions au niveau global, selon un rapport du PNUE.
+1 %
Après deux années de baisse, la consommation mondiale de charbon a augmenté en 2017 de 1%, et la production d'électricité à partir de charbon a progressé d'environ 3%, selon le rapport annuel 2018 de l'Agence internationale de l’énergie (AIE). Cette croissance de la consommation de charbon - la source d'énergie la plus polluante - s'explique par la reprise de la croissance mondiale, qui tire la demande en électricité. À l'échelle planétaire, 38 % de cette électricité reste fournie par le charbon.
Entre 3 et 5 millions d'années
Les concentrations des trois principaux gaz à effet de serre (CO2, CH4 et N2O) ont atteint en 2017 le niveau record de 405,5 parties par million (ppm), selon un bilan de l'Organisation météorologique mondiale en 2018. Une telle concentration n'avait pas été connue depuis 3 à 5 millions d'années, estime l'organisme, à une époque où la température était de 2 à 3°C plus élevée et le niveau de la mer supérieur de 10 à 20 m au niveau actuel.
0
Aucun ministre français n'était présent lors des derniers jours de négociations de la 24e conférence de l'ONU sur le climat (COP24), qui se tenait en Pologne début décembre. Une absence remarquée et contestée par de nombreux activistes, alors que les négociations entre les pays de l'ONU ont buté sur de nombreux points. À l'issue de cette COP24, la communauté internationale s'est accordée sur les règles d'application et de contrôle de l'accord de Paris, signé 3 ans plus tôt à la COP21, mais les observateurs s'accordent à constater l'insuffisance des engagements actuels des pays signataires.
3°C
Les engagements actuels des pays signataires de l'accord de Paris - s'ils sont tenus, ce qui n'est pas le cas en grande majorité - mèneraient le monde à un réchauffement moyen d'environ 3°C en 2100 par rapport aux niveaux préindustriels, selon le dernier rapport du PNUE. Une estimation très éloignée des objectifs de l'accord de Paris (limitation à 2°C, voire 1,5°C).
Les scénarios du réchauffement @simalfatto pour @AFPgraphics #AFP pic.twitter.com/CqrJRDOFp7 — Agence France-Presse (@afpfr) 22 novembre 2018
Alors que la Terre s'est déjà réchauffée de 1 à 1,5°C, le Groupe intergouvernemental d'experts sur le changement climatique (Giec) expliquait dans son rapport 2018 que la différence entre 1,5°C et 2°C de réchauffement est énorme sur le plan du dérèglement météorologique. À quelques dixième de degrés près, l'intensité et l'ampleur des vagues de chaleur, de sécheresse ou de violentes précipitations changeraient fortement.
Principales conséquences du réchauffement climatique en fonction de la température mesurée en 2100 #AFP par @AFPgraphics pic.twitter.com/khDvWXS8fj — Agence France-Presse (@afpfr) 8 octobre 2018
4
L'année 2018 devrait être la 4e année la plus chaude recensée depuis le début des relevés en 1880, selon l'OMM. Le top 4 des années les plus chaudes de l'histoire est formé par les quatre dernières années, tandis que le XXIe siècle compte 17 des 18 années les plus chaudes depuis 1880.
Les anomalies de température mondiale #AFP pic.twitter.com/qVFiLO79ul — Agence France-Presse (@afpfr) 8 octobre 2018
- 5%
Les estimations de rendements agricoles pour les cultures d'orge d'hiver, de colza et de blé tendre en 2018, sont en baisse de 5%, selon les données du Greste, le service statistique du ministère de l'agriculture, au 1er septembre 2018. Les rendements de ces trois cultures sont en recul par rapport à 2017, mais aussi par rapport à la moyenne 2013-2017, et cette baisse est générale dans toutes les régions de France.
Cette faiblesse des rendements agricoles s'explique par les conditions météorologiques difficiles en 2018, mais le réchauffement climatique devrait engendrer une intensification de ces conditions extrêmes. Selon l'Académie américaine des sciences (Pnas), un scénario de réchauffement de +2°C, qui apparaît optimiste à l'heure actuelle, engendrerait une perte de production agricole de -18% pour l’Europe.
2.908 milliards de dollars.
Entre 1998 et 2017, le coût des catastrophes climatiques a explosé de 251 % par rapport aux vingt années précédentes et a atteint 2.908 milliards de dollars, selon un rapport du Bureau des Nations unies pour la réduction des risques de catastrophes (UNISDR).
Climat : le Giec appelle à des transformations "rapides" et "sans précédent" pour éviter notamment "la perte de certains écosystèmes" https://t.co/o0egNHeDf8 @CathHours #AFP pic.twitter.com/W7DCZ5hBM7 — Agence France-Presse (@afpfr) 8 octobre 2018
60%
Entre 1970 et 2014, la planète a perdu 60 % de ses animaux sauvages, selon le 12e rapport du WWF, "Planète vivante" publié en 2018. Cette étude a porté sur 16.700 populations animales, appartenant à 4.000 espèces, qui ont été recensées. Ces animaux sont des mammifères, des poissons, des oiseaux, des reptiles ou des amphibiens. Les animaux d'eau douce font, pour leur part, face à un déclin encore plus critique, atteignant 83 %.
La première cause de cette chute est la perte ou la dégradation des habitats des animaux, selon le rapport. Celle-ci se manifeste dans la pollution qui peut se diffuser dans toute la chaîne alimentaire, dans la modifications des conditions climatiques dans leur milieu naturel, ou dans l'exploitation des ressources animales afin de nourrir la population.
143 millions
Les migrants climatiques pourraient représenter 143 millions de personnes d'ici 2050, si aucun effort supplémentaire n'est fait pour lutter contre le réchauffement, selon un rapport de la Banque mondiale de mars 2018. Parmi ces 143 millions de personnes, 86 millions de personnes pourraient se déplacer en Afrique subsaharienne, 40 millions en Asie du Sud et 17 millions en Amérique Latine. Ces victimes des événements climatiques extrêmes sont équivalentes à 2,8% de la population de ces régions, et s'ajouteraient aux millions de déplacées pour des raisons politiques, économiques ou sociales.