Risques chimiques et psychiques : l'Anses s'alarme des conditions de travail dans le secteur des déchets

Publié le 19 décembre 2019 à 8h40

Source : JT 13h Semaine

PENIBILITE - Substances chimiques, bactéries, bruit, horaires de nuit mais aussi souffrances psychiques liées aux incivilités et à une mauvaise image de leur métier : "des risques multiples" pèsent sur la santé des travailleurs du secteur des déchets, souligne un rapport de l'agence sanitaire Anses publié ce jeudi.

"En 2016, le nombre moyen d'accidents du travail pour les activités du secteur atteignait 59 pour 1.000 salariés alors qu'il est de 33,8 pour 1.000 salariés tous secteurs confondus", écrit l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) dans le rapport qu'elle publie jeudi 19 décembre. Le secteur en question : celui de la collecte, du traitement et de l'élimination des déchets, qui figure parmi ceux où les accidents du travail sont "les plus fréquents et les plus graves", relève l'agence.

Trois cas épineux

Pour arriver à ce constat, il a fallu s'affranchir de deux obstacles majeurs : la grande variété des types de déchets collectés (ordures ménagères, résidus du BTP, déchets hospitaliers avec des risques d'infections, etc.) et donc des risques encourus ; ainsi que "le manque de données sur les risques sanitaires" dans de nombreuses filières. Ainsi, pour ce qui est des ordures ménagères, des déchets des équipements électriques et électroniques et des biodéchets destinés à être recyclés par compostage, l'Anres pointe des "risques chimiques ou biologiques élevés" mais parfaitement identifiés, et recommande donc "d'évaluer et, si nécessaire, de renforcer les actions de prévention déjà mises en oeuvre".

Pour d'autres en revanche, on manque de données. En conséquence de quoi l'agence propose de mener des études plus poussées, citant trois cas particulièrement épineux : la filière "déchets du BTP", qui "représente, avec ses 247 millions de tonnes de déchets produits, le gisement le plus important de l'ensemble du secteur" ; la filière "bois", avec des "potentiels de risques chimiques présumés élevés" ; et la filière "emballages ménagers", qui "implique à elle seule 28.000 travailleurs et dont les activités vont (...) augmenter sous l'impulsion réglementaire de l'extension des consignes de tri". L'Anses elle-même conduira une évaluation des risques sanitaires concernant cette dernière filière.

Par ailleurs, l'agence sanitaire juge qu'une "réflexion doit être engagée" sur la manière d'intégrer la question de la "santé psychique" dans l'évaluation des risques. Ces problématiques "pourtant peu investiguées, peuvent s'avérer conséquentes", note-t-elle, soulignant "le manque de considération pour les travailleurs des déchets" et "l'exposition aux incivilités". De nombreux syndicats du secteur ont ainsi appelé à la grève et aux manifestations contre la réforme des retraites ces derniers jours, craignant que la pénibilité des métiers liés aux déchets ne soit pas prise en compte. Actuellement, dans les métiers de la collecte, les agents peuvent partir en retraite cinq ans plus tôt, mais avec une décote. Selon la CGT, l’espérance de vie des salariés serait de 17 ans de moins que la moyenne nationale.


La rédaction de TF1info

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