INSPIRATION - Après le lancement il y a trois mois de la Convention citoyenne pour le climat en France, d’autres pays européens s’apprêtent à faire de même en donnant la parole aux citoyens sur la question du climat. Les Britanniques lancent leur propre assemblée ce week-end tandis que l’Espagne ou l’Allemagne y songent.
L’exercice n’a pas encore porté ses fruits en France qu’il en inspire déjà plus d’un. Alors que la Convention citoyenne pour le climat a vu le jour il y a trois mois à peine à Paris, c’est au tour des Britanniques de lancer la leur ce week-end, relate The Guardian. Durant quatre sessions à compter de cette date, 110 citoyens tirés au sort devront trouver des solutions concrètes autour de sujets clés (transports, agriculture, énergie, consommation) pour faire baisser le niveau d’émissions de gaz à effet de serre dans le pays. Et parvenir ainsi à l’objectif de la neutralité carbone, promise par le gouvernement à l’horizon 2050.
À la différence de la France, cette Convention là n’a pas été diligentée par l’exécutif - Emmanuel Macron l’avait alors annoncée à l’issue du Grand débat - mais par six comités spéciaux. Ajouté à cela, il n’y a dans l’initiative britannique aucune garantie que ces propositions citoyennes soient reprises par le gouvernement.
Madrid, Berlin et Varsovie
Pour Mathilde Imer, membre du comité de gouvernance de la Convention citoyenne pour le climat, la reprise du modèle française à l’étranger n’a rien d’anodin : "Les assemblées citoyennes sont vues comme une manière de répondre à ces enjeux de transition écologique et de justice sociale. Il y a un enjeu de sauver la démocratie en même temps que le climat, face à une Europe qui n’est pas en grande forme". Grégoire, lui, voit dans la popularité de l’exercice auquel il participe à Paris "une réponse à la montée globale des nationalismes". Il assure : "Cela prouve que le modèle inspire et que l’on est dans le vrai en donnant la parole aux citoyens".
Et les Britanniques ne sont pas les seuls à avoir des envies de démocratie participative. Mardi 21 janvier, le gouvernement espagnol a annoncé la création d’une "assemblée citoyenne" sur le changement climatique calquée sur le modèle français, rapporte le quotidien El Pais. En lien étroit avec le comité de gouvernance, Madrid n’a pas communiqué sur un quelconque calendrier mais devrait organiser la tenue d’une convention sur le climat avant la COP26 en novembre 2020, selon Mathilde Imer.
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Grégoire, membre de la Convention citoyenne pour le climat
D’autres pays européens éprouvent de la curiosité pour l’exercice, sans avoir formalisé quoi que ce soit pour l’instant. Du côté allemand, la Convention suscite l’intérêt des citoyens et de plusieurs partis politiques, assure la membre du comité de gouvernance. Thierry Pech, co-président du comité, a en effet rencontré ce mercredi 22 janvier Claudia Roth, vice-présidente du Bundestag. Au stade des discussions avec l’équipe de la Convention citoyenne, on trouve aussi la Pologne. Là-bas, plusieurs villes réfléchissent à la manière de sortir du charbon, combustible fossile dont le pays est encore extrêmement dépendant.
Une Convention citoyenne à l'échelle européenne ?
Alors, la Convention citoyenne pour le climat subit-elle une pression plus forte maintenant qu’elle est scrutée de part et d’autres ? Pas nécessairement, estime Mathilde Imer, également fondatrice du mouvement des Gilets jaunes citoyens, pour qui "la France est regardée depuis un bout de temps parce qu’il y a une crise sociale. Et la Convention n’existerait pas s’il n’y avait pas eu la crise des Gilets jaunes".
Et tandis que la France commence à être imitée par ses voisins, Mathilde Imer voit déjà plus grand et imagine, à terme, la naissance d’une assemblée citoyenne européenne. "Je pense que c’est possible, en tout cas c’est envisageable en terme de calendrier", assure-t-elle, faisant référence à la mise en place du New Green Deal ou pacte vert européen. Mais pour l’heure, il s’agit surtout de réussir le pari dans l’Hexagone, ce en quoi la membre du comité a conscience : "Il faudra être honnête sur ce qui a marché et ce qui n’a pas marché".