Après un début d’année anormalement chaud, la sécheresse des sols est devenue préoccupation majeure en France.Conséquence : plusieurs départements ont déjà pris des mesures de restriction d’eau.Parmi eux, les Bouches-du-Rhône sont les plus touchées.
Marseille, condamnée au régime sec cet été ? Après un hiver doux et peu humide, la cité phocéenne compose, ces dernières semaines, avec un printemps extrêmement ensoleillé. Si cela fait le bonheur des plaisanciers qui se baladent le long du port, les nappes phréatiques et les cours d'eau font grise mine : leurs niveaux sont anormalement bas pour la saison. Conséquence : certains bassins fournissant en eau potable la région du sud-est, ont été déclarés en "situation d'alerte" par la préfecture des Bouches-du-Rhône. D'autres, comme celui du Réal de Jouques, en "situation de crise".
Une situation inédite pour la saison
"C'est effectivement très inquiétant parce qu'on est seulement début mai. Ce genre d'épisode arrive plutôt fin juin, voire début juillet", souligne Pierre Marquis, météorologue dans le département. "On a un mois et demi d'avance sur la sécheresse. C'est une situation inédite, que l'on n'a plus connue depuis 1959", poursuit-il. Et les chiffres le confirment : la disette en eau est très importante. À 20 km de Marseille, le déficit de précipitations atteint 68% par rapport à 2021. "On a reçu à peine 58 ml de pluie depuis le début de l’année, alors qu’on devrait être à plus de 200 ml", explique l'expert.
Pour le département, "il faut compter 65% de déficit de pluies", ajoute Paul Marquis, qui craint en outre la multiplication des incendies dans le secteur. "Ce manque de pluie date depuis quasiment un an. Et on sait très bien qu'il va faire de plus en plus chaud", prédit l'expert. À part quelques orages sporadiques, "n'aura pas de passages pluvieux généralisés et encore moins de quoi recharger les nappes phréatiques", annonce-t-il. "On se dirige vers l'inconnu."
Un futur incertain que compte tout de même maîtriser la préfecture des Bouches-du-Rhône. Depuis le 12 avril, les autorités ont placé le département en vigilance sécheresse et multiplié les arrêtés restreignant l'usage d'eau sur le secteur. Dans certaines communes jouxtant les bassins en "crise" ou en "alerte", l'irrigation agricole est ainsi suspendue jusqu'à nouvel ordre, tout comme le remplissage des piscines et l'arrosage passé 19h. Le lavage des véhicules est en outre interdit et les fontaines arrêtées.
Le département des #Bouches -du- #Rhone est placé en #vigilance #sécheresse . Ensemble, limitons les usages de la ressource en eau au strict nécessaire 💦 Plus d’infos 👉 https://t.co/gZV93lJrbV pic.twitter.com/5OyjYRpodK — Préfet de la région PACA et des Bouches-du-Rhône (@Prefet13) April 12, 2021
De son côté, Marseille doit, elle aussi, limiter ses usages de l'eau au "strict nécessaire" pour "anticiper d'éventuelles restrictions futures", note la préfecture dans son communiqué, daté du 22 avril. Mais qu'on se rassure : la cité aura "toujours de l'eau potable cet été", ajoute Paul Marquis. "La ville est alimentée par le barrage Serre-Ponçon, l’un des plus grands barrages poids d’Europe. Même s'il baisse de niveau, il y en aura toujours suffisamment."
Ce qui n'est pas forcément le cas d'autres communes. Dans les villages éloignés des sources et des rivières, l'eau potable devient quasiment impossible à trouver lors des périodes de sécheresse, faisant craindre de graves pénuries pour leurs habitants. Pour éviter qu'ils ne se retrouvent tout simplement sans eau, les autorités ont donc trouvé la parade : elles se font livrer de l'eau par camion citerne, parfois même pendant toute une saison.
C'était notamment le cas dans les bourgs environnants de Castellane, dans les Alpes-de-Haute-Provence, un département limitrophe des Bouches-du-Rhône. Avec l'épisode de sécheresse, l'été dernier, "on s'est retrouvé à livrer les communes autour", explique la mairie. "Et il est évident que l'on recommencera cette année encore. Mais honnêtement, on redoute que l'épisode soit plus fort cette fois-ci, avec plus de villages à fournir", ajoute l'autorité, craignant pour ses propres réserves en eau potable.
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