La préfecture du Haut-Rhin a autorisé la prolongation "illimitée" du stockage de 42.000 tonnes de déchets dangereux à Stocamine.Une décision qui ouvre la voie au confinement des déchets sous le béton.Un projet vivement contesté par les élus et la population locale.
La décision est tombée. Malgré l'opposition des élus du Haut-Rhin et de la population locale, la préfecture a autorisé la prolongation "illimitée" du stockage de 42.000 tonnes de déchets dangereux à Stocamine. Selon l'arrêté préfectoral consulté par l'AFP et signé jeudi 28 septembre par le préfet, la société Mines de Potasse d'Alsace (MDPA) - qui gère le site et dont l'État est l'unique actionnaire - pourra relancer les travaux pour confiner l'ensemble des déchets sous le béton. Un chantier qui doit durer plus de trois ans.
Des déchets "en héritage aux générations futures"
Le stockage de ces éléments composés d'amiante, de mercure ou d'arsenic dans l'ancienne mine de potasse de Wittelsheim avait initialement été présenté comme "réversible" et autorisé en 1997 pour une durée de 30 ans. Mais face à la difficulté d'évacuer ces produits toxiques, les autorités ont décidé d'enfouir définitivement ces déchets dangereux (dits de classe 1) et hautement toxiques (de classe 0) sous l'ancienne mine. Un projet suspendu depuis à deux reprises par la justice administrative après des recours d'Alsace Nature et de la Collectivité européenne d'Alsace (CEA).
"L'État s'entête à vouloir laisser les déchets de StocaMine en héritage aux générations futures", a dénoncé dans un communiqué l'association écologiste Alsace Nature. Outre "l'indécence (...) qui consiste à renvoyer à nos successeurs le soin de dépolluer la plus grande nappe phréatique d'Europe, le ministre (de la Transition écologique) Christophe Béchu fait preuve d'un mépris jusqu'alors non atteint vis-à-vis des citoyens", poursuit l'association écologiste. Au printemps dernier, une enquête publique avait en effet recueilli 98% d'avis défavorables au confinement des déchets. Les trois concertations préalables, en 2010-2011, 2013-2014 et 2016, avaient également recueilli des avis majoritairement défavorables.
La décision de la préfecture du Haut-Rhin met fin à 20 ans de tergiversations sur ce dossier, entre une évacuation des déchets difficile à réaliser et un confinement définitif largement décrié au sein de la population locale en raison des risques de pollution qu'il engendre sur la nappe phréatique d'Alsace, la plus grande d'Europe. Sur ce point, selon l'arrêté préfectoral, le confinement "aura pour effet de retarder sur une très longue période cette éventuelle remontée de substances dangereuses depuis le stockage vers la nappe d'Alsace". Cette remontée de "saumure contaminée" serait limitée "à 0,7 m³/an", une quantité permettant d'assurer "une protection efficace de la nappe", affirme la préfecture.
Une affirmation contestée par plusieurs scientifiques qui assurent qu'avec le temps, l’eau remplira les galeries sous la mine, où se trouvent les déchets. Un phénomène appelé "l’ennoyage" avec un mélange de l'eau avec les différents polluants. En se refermant ainsi sur elle-même, la mine créera ensuite un effet piston, qui poussera l’eau polluée 500 mètres plus haut, directement vers la nappe phréatique.