Traité contre la pollution plastique : les négociations autour du texte déjà bloquées

par Annick BERGER avec AFP
Publié le 30 mai 2023 à 22h33

Source : TF1 Info

Depuis lundi, 175 pays sont réunis à Paris pour dessiner les contours d'un traité contre la pollution plastique.
Mais avant même l'entame des discussions, des blocages sont apparus entre les États.
Au coeur des débats : le mode d'approbation du futur traité.

Les discussions n'ont pas encore commencé qu'elles sont déjà bloquées. Les 175 pays réunis depuis lundi à Paris pour élaborer les premiers contours d'un traité contre la pollution plastique n'ont pas réussi à entamer les négociations sur le fond du sujet à cause de mésententes sur les règles d'adoption finales du texte. L'Arabie saoudite et plusieurs pays du Golfe ainsi que la Russie, la Chine, l'Inde ou encore le Brésil refusent que le futur traité soit approuvé par un vote à la majorité des deux tiers si jamais un consensus n'était pas trouvé.

En face, une majorité de pays défendent le vote comme ultime recours, ce qui permettrait de passer outre à une minorité de blocage. Ou bien ils considèrent, a minima, que cette question peut être tranchée ultérieurement. La discussion, entamée en séance plénière lundi après-midi, a encore occupé la totalité des délégations toute la journée de mardi.

Des pays qui "tentent de revenir en arrière"

Une situation qui a provoqué la colère de nombreux acteurs. "Nous passons à côté de ce qui nous réunit ici, à savoir la pollution plastique", a tonné mardi 30 mai Camila Zepeda, de la délégation mexicaine. "Nous perdons du temps et de l'énergie dans des discussions qui tournent en rond (...) Passons à l'essentiel", a-t-elle réclamé, vivement applaudie par la majorité des délégations et par les observateurs des ONG, présents dans les tribunes. "C'est le droit des États membres de faire des suggestions" et "nous ne sommes pas favorables à la définition erronée du consensus de certains États", a rétorqué un diplomate de l'Iran, pays lui aussi opposé.

Selon un négociateur européen, "la question a déjà été tranchée" lors du premier cycle de négociations fin 2022 en Uruguay, "et ces pays tentent de revenir en arrière". De son côté, le directeur de l'ONG Zero Waste Europe, Joan-Marc Simon, a fustigé l'attitude des États. "Ces pays veulent bien un traité, mais qui parle seulement de la fin de vie du plastique, d'améliorer la gestion des déchets et d'éviter les rejets dans l'environnement", estime-t-il, avançant qu'ils veulent ainsi écarter les questions de réduction de la production, de toxicité de certains composés, des microplastiques, etc.

"Cela fait maintenant deux jours que le traité mondial sur les plastiques est bloqué par une coalition de pays réticents, dirigée par l'Arabie saoudite", a abondé mardi soir Graham Forbes, un responsable de Greenpeace : "Nous demandons aux pays d'arrêter de perdre du temps et de commencer à discuter des questions essentielles pour résoudre la crise de la pollution plastique".

Les accords de Paris sur le climat ou de Kunming-Montréal sur la biodiversité ont été approuvés par consensus, comme la plupart des traités établis sous l'égide des Nations unies, c'est-à-dire sans vote, même à main levée. Une approbation par vote, faute de consensus, ne serait toutefois pas inédite. Elle a notamment été utilisée en 2013 quand 140 pays ont adopté la Convention internationale sur le mercure, signée à Minamata (Japon).


Annick BERGER avec AFP

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