Trois questions sur l’acidification des océans qui inquiète les scientifiques du Giec

Publié le 25 septembre 2019 à 21h05, mis à jour le 25 septembre 2019 à 23h16
Trois questions sur l’acidification des océans qui inquiète les scientifiques du Giec
Source : fotocelia / Thinkstock

OCÉANS - Dans un rapport de 900 pages rendu public ce 25 septembre, le Giec dresse un constat pour le moins inquiétant de l’état des océans, dont le niveau monte et la température augmente. Autre problème pointé du doigt par les scientifiques : l'acidification de l'eau de mer. Françoise Gaill, biologiste spécialiste des océans, nous apporte son éclairage sur ce phénomène méconnu.

Leur niveau s’élève, ils se réchauffent… et deviennent plus acides. L’état des océans a été scruté de près par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), dans son dernier rapport rendu public ce 25 septembre.  Sans grande surprise, les scientifiques livrent un constat inquiétant de l’impact du réchauffement climatique sur la surface aquatique de la planète. Complexe et méconnue, l’acidification des océans n’en est pas moins un phénomène qui s’amplifie et ce, de manière globale.

"L’océan a absorbé 20 à 30% des émissions anthropiques de dioxyde de carbone depuis les années 1980, ce qui a entraîné son acidification. S’il continue d’absorber du carbone jusqu’en 2100, il deviendra toujours plus acide", peut-on lire dans le rapport. Mais qu’entend-on par acidité de l’océan ? Quelle est sa gravité ? Et comment endiguer le phénomène ? Nous avons posé ces questions à Françoise Gaill, biologiste spécialiste des océans.

LCI : En quoi l'acidification des océans est-elle problématique ? 

Françoise Gaill : Il est assez simple. Il y a dans le milieu marin des écosystèmes, des organismes vivants, qui ont pour certains une coquille de calcaire. C’est le cas des huîtres et de beaucoup de mollusques. L’acidification va entraîner une dissolution de ces coquilles. C’est dangereux pour une partie du vivant, et pour toutes les formes de vie qui sont en développement. Et ça l’est particulièrement pour tous les écosystèmes côtiers, que sont les huîtres, et pour les larves. 

LCI : Le phénomène est-il vraiment grave ? 

Françoise Gaill : Il y a une probabilité que ces espèces disparaissent à terme, mais elles peuvent très bien se déplacer. Il se peut qu’il y ait des acclimatations, c’est-à-dire que les organismes trouvent des solutions pour répondre à ce changement de l’eau de mer. Ce que l’on ne sait pas encore, ce sont les capacités de réaction de ces espèces dans le milieu. On a fait des tas d’expériences en laboratoires où les résultats n’étaient pas bons, mais dans l’environnement, cela peut être différent. Le phénomène est grave en revanche pour des zones qui vivent de la pêche de ces mollusques. Les conséquences sont, à mon avis, plus économiques pour les populations locales. Dans le Pacifique par exemple, il y a des îles qui vivent beaucoup de la pêche de ces coquillages. C’est un vrai problème pour ces Etats-là. 

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LCI : Que peut-on faire pour enrayer le problème ?

Françoise Gaill : Si l’on arrive à réduire les émissions de CO2, on aura des résultats tout de suite. L’océan est très lent à réagir mais étant donné que c’est vraiment le CO2 qui se dissout dans l’eau qui entraîne cette variation de pH (et donc l’acidification), c’est lié directement. C’est assez simple de réduire la vitesse d’acidification des océans : on peut très bien agir sur les émissions de CO2 !  Des solutions existent.


Caroline QUEVRAIN

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