VRAI / FAUX - Nous avons demandé à Guillaume Woznica, spécialiste météo de LCI, et à Jérôme Lecou, météorologue chez Météo France, si les précipitations phénoménales qui ont frappé la Côte d'Azur étaient vraiment "historiques", comme indiqué par le préfet varois, ou lié au changement climatique.
En 48 heures, il est tombé par endroit l'équivalent de trois mois de pluie. La Côte d'Azur a connu, ces 23 et 24 novembre, des précipitations diluviennes, entraînant la crue de plusieurs cours d'eau dont le fleuve de l'Argens, qui a atteint sept mètres à Roquebrune-sur-Argens, dans le Var. Au total, quatre personnes ont perdu la vie dans ces intempéries, tandis que deux sont toujours recherchées. En milieu de journée ce lundi, 500 foyers étaient, selon Enedis, toujours privés d'électricité.
Alors que la décrue s'est amorcée dans la plupart des zones touchées par les inondations et que la vigilance rouge a été levée, le temps est désormais aux questions. Quand certains évoquent l'influence du changement climatique ou de la responsabilité de l'urbanisation, et que d'autres parlent d'un événement "historique", nous nous sommes adressés à Guillaume Woznica, spécialiste météo de LCI, et à Jérôme Lecou, météorologue chez Météo France pour démêler le vrai du faux.
L'épisode est-il vraiment "historique" ?
Interviewé par l'AFP dimanche 24 novembre, Jean-Luc Videlaine, le préfet du Var, évoquait un "épisode méditerranéen" d'une intensité "historique". Pour Guillaume Woznica, cependant, les fortes pluies qui ont affecté le sud-est et en particulier les Alpes-Maritimes et le Var ne sont pas exceptionnelles. "Nous n'avons pas battu de record de pluie", assure-t-il. Les valeurs ne sont néanmoins pas négligeables, avec "entre 150 et 331 millimètres dans le Var" ou encore "260 millimètres à Coursegoules, dans les Alpes-Maritimes", rapporte Jérôme Lecou de Météo France. "De ce point de vue-là, il s'agit d'un épisode majeur", assure-t-il.
Pour Guillaume Woznica, l'épisode est surtout remarquable par sa durée. "En région Provence-Alpes-Côte d’Azur, à l’inverse du Languedoc-Roussillon, les inondations se produisent souvent lors de violents orages qui durent quelques heures, explique-t-il. Cette fois-ci, les précipitations ont persisté deux jours, ce qui est nettement moins fréquent. C’est ce qui a aussi aggravé les crues." Celles-ci ont à certains endroits pratiquement atteint des valeurs proches des plus hauts niveaux enregistrés, comme à Roquebrune, où l'Argens est monté à 7 mètres.
L'urbanisation est-elle en cause ?
Les épisodes méditerranéens comme celui que vient de connaître la Côte d'Azur se produisent de trois à six fois par an en moyenne et ont la caractéristique d'apporter des précipitations intenses. Chacun s'accorde à dire que la situation géographique des zones touchées par les inondations de ce week-end, pour la plupart des vallées encaissées sujettes à d'importants ruissellements provenant des reliefs, favorise l'importance des crues.
Mais les deux météorologues reconnaissent aussi que la bétonisation des sols n'est pas non plus étrangère à ces événements. "En fin de semaine, il est tombé les mêmes quantités de pluies durant un même laps de temps sur le relief cévenol et notamment en Ardèche, prend pour exemple Guillaume Woznica. Dans cette région, les conséquences sont restées assez marginales car l’urbanisation est limitée." Ce phénomène "a évidemment fait que l’évacuation des eaux est très différente de ce qu’elle pouvait être il y a 150 ans", poursuit Jérôme Lecou, sous-entendant que les sols devenus imperméables ne sont plus en mesure, comme autrefois, d'absorber de telles quantités d'eau.
Le changement climatique, l'un des principaux responsables ?
Depuis ce week-end, les allusions au changement climatique concernant les pluies diluviennes qui se sont abattues sur la Côte d'Azur sont courantes. Pour autant, affirme Guillaume Woznica, celui-ci n'est pas à l'origine du phénomène. "Les épisodes méditerranéens ont toujours existé et existeront toujours, c’est d’ailleurs l'une des caractéristiques du climat de ces régions." Ces épisodes, explique-t-il, risquent en revanche d'être accentués dans leur intensité par le dérèglement du climat.
"Avec la température qui augmente, et notamment celle des mers et des océans, il y aura davantage d’évaporation. Ainsi, au-dessus de la Méditerranée, la concentration en vapeur d’eau sera plus importante, ce qui conduira à davantage de condensation", et donc à des pluies plus importantes à l’automne, lorsque des dépressions circuleront dans ces régions. Les épisodes méditerranéens sont, et seront donc probablement plus marqués, mais pas plus nombreux car leur nombre est lié aux situations météorologiques, qui ne dépendent pas du changement climatique.
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