Vague de chaleur extrême en Inde : qu'est-ce que la "température du thermomètre mouillé" ?

Publié le 29 avril 2022 à 16h28, mis à jour le 29 avril 2022 à 22h34

Source : JT 20h WE

Aussi appelée "température du bulbe humide", cet indicateur permet de mesurer les seuils où la vie humaine est menacée.
L'exposition du corps humain à une température élevée combinée à un fort taux d'humidité provoque effectivement des dégâts majeurs, jusqu'à la mort.

C'est un indice au nom étrange qui commence à être utilisé et étudié par les climatologues. Alors que l'impact du changement climatique est principalement mesuré via la hausse des températures, une autre variable devrait également être mesurée pour déterminer les territoires les plus susceptibles de devenir invivables pour les humains : le taux d'humidité. La "température du thermomètre humide", aussi appelée "température du bulbe humide", permet de le prendre en compte. On vous explique ce que c'est.

35°C, seuil de "température humide" fatale pour l'homme

Cet indice est calculé à partir de deux principales variables, bien que leur relation ne soit pas linéaire : la température de l'environnement et son taux d'humidité. En faisant une équation thermodynamique, une température est obtenue. Or, plus celle-ci s'approche de celle du corps humain, soit 35-37 °C, plus il va rencontrer des difficultés à transpirer et donc, à dissiper la chaleur de l'organisme. Cette situation peut provoquer un début de dysfonctionnement des organes, jusqu'à l'hyperthermie, voire la mort, suivant la durée d'exposition et l'état de santé des personnes.

"La peau n'arrive pas à respirer parce qu'elle est saturée, parce que l'humidité est beaucoup trop importante", décrit la chercheuse au CNRS Sarah Safiedine. Le corps humain est ainsi plus facilement capable de supporter des températures élevées avec un temps sec que des températures un peu plus basses avec un taux d'humidité important. 

En prenant en compte cette température du thermomètre mouillé, les scientifiques montrent que les zones où les températures sont très élevées ne seront pas les seules à subir le changement climatique. Des endroits où des pics de chaleur ne seront pas forcément atteints pourraient devenir tout aussi invivables s'ils ont un taux d'humidité particulièrement élevé. Selon la chercheuse Sarah Safiedine, qui a étudié en particulier le Golfe persique, particulièrement concerné, les zones maritimes proches de l'Équateur, pourront s'avérer être des zones à risques.

"Une canicule, ce n'est pas juste la température, c'est aussi l'humidité qui compte", avertit donc Sarah Safiedine. Pour la chercheuse, la canicule qui a touché la côte ouest américaine en juin 2021 a été particulièrement meurtrière du fait de cette combinaison. De même, la situation se vérifie dans le cas de l'actuel dôme de chaleur en Inde. Les températures exceptionnellement élevées se combinent avec de forts taux d'humidité, rendant intolérables toute sortie à l'extérieur. Les personnes travaillant à l'extérieur, comme les agriculteurs ou les ouvriers de chantiers, sont ainsi particulièrement vulnérables.


Aurélie LOEK

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