ALTERNATIVE - Conformément à ses engagements, à quelques jours de la fin de l'année, la SNCF a annoncé l'abandon du glyphosate pour entretenir ses voies. Désormais, elle usera d'un produit plus écologique, mais aussi plus cher et moins efficace.
Pour la SNCF, le glyphosate, c'est terminé. Grosse utilisatrice de ce produit accusé de provoquer des cancers, l'entreprise a annoncé son remplacement par une solution alternative, comme elle s'y était engagée avant la fin 2021. Les 35 à 38 tonnes par an de glyphosate utilisées jusqu'ici pour désherber les voies seront remplacées au printemps 2022 par un produit composé à plus de 95% d'acide pélargonique, d'origine végétale.
Composée d'un herbicide de biocontrôle et d’un anti-germinatif (sulfonylurée), cette alternative est une bonne nouvelle pour Bernard Aubin, ancien cheminot et membre du syndicat First SNCF. "La suppression du glyphosate a un double avantage. Déjà, d'éliminer le risque vis-à-vis du personnel, mais également d'éliminer ce risque vis-à-vis de la population, notamment des territoires agricoles qui se trouvent aux abords des voies", met-il en avant.
Une solution moins efficace et plus chère
Pour autant, cette nouvelle solution est moins efficace, plus visqueuse et exige d'embarquer de plus grands volumes, selon SNCF Réseau. De plus, ce produit ne sera utilisé que sur les voies et les pistes, mais pas sur leurs abords, qu'il faudra faucher, conformément à la récente loi Egalim (pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous).
L'entretien des voies et de ses abords devrait donc coûter plus cher à l'entreprise ferroviaire. Avec le glyphosate, le traitement de la végétation lui coûtait environ 30 millions d'euros. À partir du printemps prochain, la facture passera à 140 millions d'euros par an.
Mais cet investissement est justifié pour Eva Sas, porte-parole d'Europe-Écologie-Les Verts. "On doit construire une société qui soit effectivement plus respectueuse de la santé et on devrait au contraire étendre cette interdiction du glyphosate", estime-t-elle dans le reportage du 20H de TF1 en tête de cet article.
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De plus, cette hausse du coût de l'entretien ne devrait pas être répercutée sur le prix des billets des voyageurs. "Si la SNCF avait besoin de répercuter ce coût sur le prix des billets de train, ça aurait un impact très inférieur à 1%. Mais de toute façon, l'entreprise n'a pas besoin de le faire parce qu'elle est aidée par le gouvernement dans le cadre du plan de relance pour financer cette transition écologique. Donc ça ne sera pas aux voyageurs de payer", assure Arnaud Aymé, spécialiste des transports.
Depuis des années, la SNCF cherchait à une alternative au glyphosate. Car l'entretien des voies est essentiel pour garantir la sécurité tout en permettant aux agents d'intervenir rapidement en cas de problème. Certaines plantes peuvent déformer les rails et gêner la circulation des trains.