La première liste des araignées risquant l'extinction en France a été publiée, mercredi 5 avril.Selon le comité français de l'UICN et l'OFB, 10% des espèces présentes dans l'Hexagone sont menacées de disparition.Un chiffre qui pourrait être sous-estimé.
Souvent mal-aimées et largement méconnues, les araignées sont pourtant essentielles pour maintenir l'équilibre de la biodiversité en France et se révèlent très utiles pour lutter contre certains insectes. Mais ces petits animaux sont en danger dans le pays. Selon un rapport publié par le comité français de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et l'Office français de la biodiversité (OFB), 10% des espèces françaises sont menacées de disparition.
Sur les 1622 espèces recensées dans l'Hexagone - dont 127 ne se trouvent nulle part ailleurs - 170 pourraient disparaître tandis que 101 autres en sont proches, indiquent l'UICN et l'OFB, qui ont travaillé avec le Muséum national d'histoire naturelle et l'association française d'arachnologie.
Rôle clé en France
Les deux organismes soulignent également que ces chiffres pourraient être plus importants, 30% des espèces n'ayant pas pu être recensées de manière précise, faute d'informations suffisantes les concernant. Et "parmi celles-ci, certaines pourraient malgré tout être menacées", précisent-ils. Pourtant, aucune araignée ne fait à ce jour l’objet d’un programme de conservation dédié ou de mesures de protection spécifiques. Les principaux dangers qui les guettent sont la dégradation et la destruction de leurs habitats, les pollutions et le changement climatique.
Présentes dans une multitude d'habitats, les araignées forment un groupe très diversifié, et se trouvent aussi bien dans les prairies que les zones humides, les massifs forestiers ou les grottes, mais aussi les zones sableuses et les versants rocheux d'altitude. Par ailleurs, elles jouent "un rôle clé dans les écosystèmes en régulant les populations d'insectes et constituent de bons indicateurs de la qualité des milieux", soulignent l'UICN et l'OFB dans un communiqué. Elles régulent notamment les populations de nuisibles et d'insectes comme les moustiques, porteurs de maladies comme la dengue, Zika et le chikungunya, des maladies qui pourraient se répandre en France dans les années à venir.
Menace croissante du changement climatique
Pour un grand nombre d'araignées, la dégradation et la destruction des habitats naturels représentent des menaces majeures. La Larinia de Jeskov, décrite pour la première fois en 1987 et vue en France seulement en 2021, est ainsi en "danger critique d'extinction". Elle se trouve dans les milieux humides ouverts, près de zones d'eau avec une végétation assez haute. Mais l'assèchement de son environnement menace son existence. Les espèces vivant en forêt, comme la Tégénaire rouillée classée "en danger", pâtissent quant à elle de l'exploitation du bois.
Pour la Mogrius des plages, une petite araignée grise velue présente sur le littoral corse, c'est le tourisme qui constitue la principale menace, tout comme pour la minuscule Trogloneta, particulièrement sensible au dérangement lié à l'exploration spéléologique récréative. Le tourisme balnéaire, "qui incite au nettoyage systématique des plages, est quant à lui néfaste pour les espèces des habitats fragiles du littoral", pointent l'UICN et l'OFB. La Dictyne des posidonies, qui vit uniquement dans les feuilles des plantes marines échouées sur les plages, en est par exemple victime.
La pollution pèse aussi sur les populations d'araignées, comme pour l'Érèse sandalion, une espèce reconnaissable à son arrière-train rouge à points noirs et aux faux airs de coccinelle. Cette espèce est victime de l'urbanisation, des pesticides qui tuent ses proies, mais aussi de la capture d'individus par les collectionneurs. Enfin, le changement climatique constitue une menace croissante, les araignées montagnardes étant particulièrement concernées par la hausse des températures qui les contraint à monter en altitude.
Les sécheresses frappent aussi les espèces du sud de la France, comme celles du genre Nemesia, de petites mygales creusant des terriers et dont les femelles et leur progéniture peuvent mourir de déshydratation dans leur refuge. La Mygale du Lubéron, endémique de France métropolitaine, est ainsi classée "en danger critique" et a peut-être même déjà disparu.
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