Côte atlantique : la mystérieuse invasion de poulpes inquiète pêcheurs et poissonniers

LT
Publié le 20 octobre 2021 à 10h26

Source : JT 20h Semaine

REDOUTABLES PRÉDATEURS - Les pêcheurs remontent des quantités faramineuses de poulpes sur la côte Atlantique. Le céphalopode étant friand de coquilles Saint-Jacques, le prix de certains produits de la mer pourrait bien augmenter prochainement.

La côte Atlantique fait face à une mystérieuse invasion de tentacules. Face aux caméras de TF1, Aymeric Poinot explique ainsi que la pêche du jour est encore une fois exceptionnelle. "Ça, ce sont des poulpes qu’on a pêchés à deux heures d’ici. On a récolté une tonne en deux jours", montre-t-il dans le reportage en tête de cet article. 

Le patron pêcheur du Frisby décharge entre 200 et 300 kilos de poulpes par coup de chalut, sur l’île d’Oléron. Son équipage n’en revient pas. "C’est la première fois qu’on voit ça ! Même sur les autres bateaux, tout le monde en pêche. Avant on pêchait un panier, on était content", affirme Tanguy Massé. Ici, au port de la Côtinière, 30 tonnes de poulpes ont été débarqués depuis janvier, soit dix fois plus qu’en 2020. 

Un phénomène constaté du sud de la Bretagne à la Charente-Maritime, et qui inquiète les pêcheurs. "C’est un truc qui fait peur à tout le monde parce que dans l’océan, c’est un équilibre parfait qui fait que chaque animal a son prédateur, mais là, le seul prédateur qui reste maintenant, c’est nous", explique Eric Rivasseau, mareyeur sur ce port de l’île d’Oléron. 

Entre quinze et 20 tonnes de poulpes vendus

Si la situation est préoccupante, elle est économiquement très rentable. Car à la criée, le poulpe se vend environ 7 euros le kilo. Les consommateurs français ne raffolent pas de la pieuvre, mais les mareyeurs ont trouvé leur clientèle à l’étranger. "On le vend en Espagne, au Portugal et un petit peu en Italie. C’est une bonne manne et pour nous et pour les pêcheurs. On en fait entre 15 et 20 tonnes sur l’ensemble des ports", détaille l’un d’eux. 

Les prix des homards et des crabes vont augmenter
Valérie Mesnard, poissonnière sur l’île d’Oléron

En revanche, pour les poissonniers, cette invasion n’est pas une bonne nouvelle. Car le poulpe se nourrit de coquillages et de crustacés, comme la coquille Saint-Jacques et le homard. Le prix du plateau de fruits de mer pour les fêtes de fin d’année risque donc de s’envoler. "Ça rentre dans les casiers et ça mange les crabes, les homards et ça ressort. Du coup, les prix des homards ou des crabes vont augmenter s’il n’y en a plus", précise Valérie Mesnard, poissonnière sur l’île. 

Les spécialistes ne savent pas encore pourquoi le poulpe prolifère cette année. Ils émettent cependant des hypothèses. "On peut évoquer le réchauffement climatique, mais on n’en sait rien. On peut évoquer aussi la surpêche, parce que quand on pêche trop de poisson, il y a moins de prédateurs pour les poulpes et il y a davantage de nourriture pour eux, parce que les poissons se nourrissent de homards, de crustacés, etc.", explique Guillaume Eveillard, biologiste à l’aquarium de La Rochelle (Charente-Maritime). Seule certitude : une baisse importante de la température de la mer pourrait freiner le développement du poulpe, car l’animal craint le froid. 


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