Crise de l'énergie en France

Quand l'eau douce rencontre l'eau salée : qu'est-ce que l'énergie osmotique qui pourrait révolutionner la production d'électricité ?

TF1 | Reportage Matthieu Dupont, Philippe Veron
Publié le 15 janvier 2023 à 11h27

Source : JT 20h WE

Face à l'urgence climatique, la France tente de développer les énergies propres comme le solaire et l'éolien.
Pourtant, une autre technologie pourrait également servir pour la transition énergétique.
Il s'agit de l'énergie osmotique, encore mal connue, mais très prometteuse.

C'est la rencontre entre l'eau salée et l'eau douce. Alors que la France cherche des solutions pour accélérer sa transition énergétique, en misant notamment sur le solaire et l'éolien, une autre technologie pourrait se développer : l'énergie osmotique. 

En février 2022, la Compagnie nationale du Rhône (CNR) a ainsi annoncé l'installation, courant 2023, d'une centrale osmotique dans le delta du Rhône. Une première dans l'Hexagone pour une technologie connue depuis longtemps et sur laquelle ont décidé de parier certains. L'installation sera située à l'écluse de Barcarin, près de Fos-sur-Mer où le Rhône et la mer Méditerranée se rejoignent. Elle se fera en partenariat avec la start-up rennaise Sweetch Energy qui travaille sur cette question depuis près de 10 ans. 

L'osmose : la rencontre entre deux eaux

L'usine devrait commencer à produire une électricité "100% renouvelable et permanente" à partir de la fin 2023, estiment les deux partenaires, le tout grâce à cette fameuse énergie osmotique, qui "est générée par la différence de salinité de l'eau douce des rivières et de l'eau salée de la mer lorsqu'elles se rencontrent", avaient-ils rappelé lors du lancement du projet.

L'osmose est un processus connu depuis des décennies, mais qui n'a jamais été exploité à grande échelle, malgré son énorme potentiel et la promesse d'une source d'énergie stable, contrairement à d'autres sources comme le soleil ou le vent. Dans le détail, elle se produit lorsque de l'eau salée rencontre de l'eau douce. En séparant les deux flux par des membranes, cela entraîne une circulation rapide des ions contenus dans le sel et génère de l'électricité. Jusqu'à présent, les performances étaient trop faibles et les coûts trop élevés pour capter cette énergie. 

Mais "grâce à des progrès de la nanotechnologie, on a pu mettre au point des nouvelles membranes qui sont beaucoup plus performantes et qui sont beaucoup moins chères à produire grâce à des matériaux naturels qu'on utilise", explique Nicolas Heuzé, directeur général de Sweetch Energy, dans le reportage du 20H de TF1 en tête de cet article.

Produire deux fois la consommation annuelle de Marseille

Grâce à cette membrane nouvelle génération révolutionnaire, la CNR et son partenaire estiment pouvoir produire "à l'horizon 2030 plus de quatre millions de MWh (mégawattheures)" d'électricité à un "prix compétitif". La seule usine du delta du Rhône pourrait ainsi, à terme, produire "deux fois la consommation annuelle des habitants de la ville de Marseille". Mais le chemin est encore long pour les deux partenaires lancés dans ce pari un peu fou qui, s'il réussit, permettra d'atteindre plus vite l'objectif de 40% d'énergie renouvelable produite en France en 2050.

Avec cette usine osmotique, l'Hexagone va tenter de faire mieux que les projets déjà portés par la Norvège, qui avait inauguré en 2009 le premier prototype du genre. Mais l'entreprise Statkraft avait ensuite complètement abandonné la technologie en 2013, l'estimant trop peu développée pour devenir compétitive. La CNR et Sweetch, elles, espèrent s'appuyer sur les avancées récentes de la recherche publique française pour ouvrir la voie à "une exploitation à grande échelle" et "compétitive" de l'énergie osmotique.


TF1 | Reportage Matthieu Dupont, Philippe Veron

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