Climat : de COP en FLOP !

par Fabrice BONNIFET Fabrice Bonnifet
Publié le 21 novembre 2022 à 12h17

Source : JT 13h WE

La COP27, organisée en Egypte, débouche sur un accord a minima mais a échoué à fixer de nouvelles ambitions pour la baisse des gaz à effet de serre.
"COP est en fait le l’anagramme simplifié de PrOCrastination", estime Fabrice Bonnifet, du groupe Bouygues, président du C3D, le Collège des directeurs du développement durable.
Il nous livre son nouvel édito.

Au-delà du buzzer, les négociateurs de la COP27 ont arraché dimanche un accord de principe pour créer un fonds spécifique financé par les pays riches, destiné aux "pertes et dommages" climatiques des pays pauvres. Généreuse ambition que de vouloir atténuer les dégâts irréversibles causés par le changement climatique pour les plus vulnérables. Cependant, comme toujours lors des COP, une fois une décision prise au forceps, on renvoie à la COP d’après pour déterminer les conditions de sa mise en œuvre...

COP est en fait le l’anagramme simplifié de PrOCrastination. L’humanité est décidément mal partie, car l’emphase des discours en tribune est toujours inversement proportionnelle aux engagements de réduction de l’empreinte carbone des États, qui demeurent nettement insuffisants pour que la moyenne du réchauffement reste à +1,5° d'ici à 2100. En effet, l’accord final ratifié dans la douleur stipule que ces derniers vont devoir renforcer une énième fois leurs engagements nationaux d’ici à la COP28. Défense de rire, c’était déjà mot pour mot ce qui avait été décidé lors des précédentes COP. Et pour cause, le rapport du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) souligne que les engagements internationaux conduisent actuellement la Terre vers un réchauffement de 2,6°C, soit bien au-delà de l’objectif de l'Accord de Paris en 2015. Et attention aux faux espoirs, il ne s’agit là que d’engagements ! Soit des promesses politiques sans consistance, en réalité seuls quelques petits pays insulaires parviennent à faire la démonstration de la crédibilité de leurs trajectoires de décarbonation.

En matière de promesse non tenue, les COP sont comme une oasis sans eau ou un pis de vache sans lait
Fabrice Bonnifet

Pour tous les autres, à commencer par la France récemment condamnée pour inaction climatique par le tribunal administratif de Paris, non seulement les promesses de réduction ne sont pas respectées, mais les records d’émissions de GES (gaz à effet de serre) continuent d’être battus tous les ans (37,5 GtCO2 en 2022 selon le Global Carbon Project), alors que nous devrions chaque année les réduire de plus de 5% jusqu’en 2050. 

En matière de promesse non tenue, les COP sont comme une oasis sans eau ou un pis de vache sans lait. Un autre exemple, lors de la COP21, les pays occidentaux s’étaient engagés à investir 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 pour la transition énergétique zéro carbone des pays du sud. À date près de 20% de ces sommes ne sont jamais débloquées. Pour finir la COP27 aura réussi l’exploit de ne pas faire figurer dans le texte final la baisse impérative de la production des énergies fossiles. Comme le souligne Antonio Guterres : "Nous nous dirigeons vers une catastrophe mondiale", mais tout va bien, le mondial de football 100% made in #CO2 au Qatar vient de débuter dans des stades climatisés en plein désert. La COP28 à Dubaï en 2023 s'annonce donc sans souci pour les partisans de l’inaction. Résumé de cette mascarade diplomatique : "Il convient de décarboner la planète, en extrayant toujours plus de pétrole, de gaz et de charbon". Les lobbyistes du climat ont gagné, la vie a perdu. Game over. 


Fabrice BONNIFET Fabrice Bonnifet

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