Éoliennes en mer : pourquoi la France est-elle à ce point en retard ?

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Publié le 4 mai 2021 à 15h22, mis à jour le 10 mai 2021 à 14h28

Source : JT 20h Semaine

ÉNERGIES – C'est un fait, la France est en retard dans l’éolien en mer par rapport à de nombreux pays. Mais pourquoi les délais sont-ils si longs ?

Ce lundi 3 mai matin, environ 300 personnes, dont des pêcheurs et des membres d’associations environnementales, se sont rassemblées devant la préfecture des Côtes-d’Armor pour protester contre un projet de parc éolien en mer dont les travaux devaient débuter ce même jour. 

"Non à la mort de la pêche artisanale", "Iberdrola, parrain de la mafia éolienne", pouvait-on lire sur les nombreuses banderoles accrochées aux grilles de la préfecture. Les pêcheurs craignent que la construction du futur parc éolien menace la biodiversité. Pour protester contre ce désastre, selon eux, sur de nombreuses espèces marines, ils ont notamment déversé des coquilles vides de Saint-Jacques. 

Des contentieux sur les projets d’éoliens en mer

Les pêcheurs réclament l’annulation de ce projet de parc éolien en mer dont la mise en service est prévue pour fin 2023. Il est construit par la société Ailes Marines, filiale du groupe espagnol Iberdrola : "Ce parc éolien va se trouver dans une zone très fréquentée et où la biodiversité et la ressource halieutique se porte bien. Nous nous sommes battus pour protéger cela et aujourd’hui, ils vont tout détruire en essayant d’implanter leurs éoliennes", s’insurge Julien Théorel, patron armateur de la pêche artisanale de Saint-Brieuc. 

L’État a aujourd’hui refusé ces arguments et accordé son feu vert pour le lancement du projet. Ce genre de litiges illustre, en partie, le retard pris par la France ces dernières années. 

Des lenteurs administratives

Alors que la façade maritime de notre pays est la plus large d’Europe, la France ne compte qu’une seule éolienne en mer, loin derrière le Danemark, les Pays-Bas et la Grande-Bretagne avec, pour cette dernière, 2294 éoliennes en mer. Les lenteurs administratives se révèlent par ailleurs une autre raison de ces retards. 

"La grande différence avec nos voisins, c’est qu’essentiellement la France, lorsqu’elle a appelé les lauréats des appels d’offre, elle n’a pas en même temps donné l’ensemble des autorisations administratives donc entre le moment où les lauréats ont été sélectionnés et le moment où les différents débats, recours, concertations etcétéra, ont été soldés, il s’est passé dix ans", explique Michel Gioria, délégué général de France Énergie Éolienne. 

On a des délais de développements qui sont plus courts mais il faut encore les accélérer
Stéven Curet, directeur général de General Electric Offshore Wind France

Alors, depuis 2018, l’État a simplifié les démarches pour faciliter la transition énergétique. Il espère rattraper son retard d'ici à 2028 avec sept projets de parcs éoliens sur la façade atlantique et peut être en Méditerranée. 

De leur côté, les industriels sont prêts, comme le géant américain implanté à Saint-Nazaire qui abritera le tout premier champ éolien d'ici à 2022. "On est le premier acteur à avoir investi dans la filière industrielle, éolien en mer, en France avec deux usines et donc aujourd’hui on a des délais de développement qui sont plus courts, mais il faut encore les accélérer", affirme Steven Curet, directeur général de General Electric Offshore Wind France. Un paradoxe pour l’entreprise qui produit essentiellement des éoliennes pour l’export aux États-Unis et en Grande-Bretagne. 

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