Les dirigeants de la planète se retrouvent ce dimanche à Glasgow en Écosse pour la COP26. Le temps presse ; les signes de dérèglement climatique ne cessent de s'accroître, y compris en France. La Camargue pourrait par exemple se retrouver sous les eaux.
Au bord d'un étang ou vu du ciel, tout semble paisible en Camargue. La plus grande zone humide de France est pourtant en proie à la montée des eaux, qui menace directement les activités humaines de la région.
À la Manade Raynaud, un élevage de taureaux bordé par le littoral, la mer gagne du terrain d'années en années. Le sel s'infiltre dans les terres et brûle la zone du pâturage. "On essaie de trouver des terres de repli, dans un premier temps pour sauver nos bêtes l'hiver, puis peut-être un jour pour carrément partir. On n'a pas envie, mais peut-être que la mer va nous y obliger. De toute façon, on n'arrêtera pas la mer". Aurélie Raynaud, éleveuse, doit s'adapter et produire du foin pour nourrir les bêtes. "Il n'y a pas assez d'herbes pour les nourrir, ça fait trois ans qu'on produit nous-même du foin pour essayer un peu de rentabiliser, de ne pas perdre trop d'argent".
Sur les exploitations qui cultivent le riz près de la mer, l'augmentation de la salinité du sol a fait aussi perdre 20% de rendements ces dernières années. "Le sel a cramé le riz, tout est mort", indique Bastien Cler, responsable de culture. La Camargue produit 20 à 30% de la consommation de riz en France. Cela représente un marché de 80 millions d'euros, qui génère 2 000 emplois. "Ce serait dramatique de perdre cette production emblématique. D'ailleurs, le tourisme sera impacté. Si la Camargue devient un désert salé ou une mer rouge, ça n'a plus d'intérêt", s'inquiète Bertrand Mazel, président de l'Union des producteurs riziculteurs européens.
Face à la montée des eaux, des petites zones urbaines comme Saintes-Maries-de-la-Mer font de la résistance. Dans cette ville camarguaise aux allures de forteresse, les murailles sont tournées vers la Méditerranée. Ces enrochements surnommés épis ralentissent pour l'instant l'érosion littorale, mais jusqu'à quand ? La topographie du Delta du Rhône le rend particulièrement vulnérable, selon ce scientifique. "70% du Delta est à moins d'1 mètre d'altitude. On imagine bien qu'une hausse continue, qui va s'accélérer du niveau marin, aura des conséquences sur ce Delta et sa pérennité", explique Jean Jalbert, directeur général à l'institut de recherche "Tour du Valat".
En Camargue, les avis divergent : faut-il lutter coûte que coûte ou laisser la nature reprendre ses droits ? La communauté scientifique estime la montée des eaux à près d'un mètre d'ici la fin du siècle.