Avec l'érosion du littoral, qui s'accentue avec le dérèglement climatique et les récentes tempêtes en série, des habitations se retrouvent au bord du vide.Un phénomène particulièrement préoccupant dans 126 communes du territoire français.Regardez ce reportage de TF1 dans la Manche.
Une "maison les pieds dans l’eau" ne sera bientôt plus une expression du jargon immobilier désignant une bâtisse située en bord de mer, mais plutôt une nouvelle, à prendre au sens littéral. Car l’érosion du littoral, accentué par le dérèglement climatique et la succession récente de tempêtes, concerne de plus en plus d’habitations, à présent concrètement menacées par des flots se rapprochant inexorablement. "Avec les prochaines grandes marées et un vent d'ouest, ça pourrait être fatal", s’inquiète, au micro de TF1, Christophe Gilles, maire de Saint-Germain-sur-Ay (Manche), l’une des 126 communes les plus exposées à court terme listées par le gouvernement.
En prononçant ces mots, l'édile se trouve sur les quatre petits mètres de dune qui séparent désormais une résidence secondaire du vide. Quelques mètres plus loin, la maison voisine, heureusement inhabitée, a fini par s’effondrer, grignotée par la mer… Il y a maintenant huit ans. Aujourd'hui, il ne reste plus que quelques débris. Un paysage à peine croyable.
"La nature est plus forte que nous"
Plus au nord, une digue tente de protéger les bâtisses sous la menace. Ici, l'enrochement ne suffit plus à freiner l'érosion. "La tempête a mangé cinq ou six mètres de sable derrière la roche. C’est impressionnant, ça montre la puissance de la mer", témoigne l’employé d’une entreprise de travaux publics. Sur 80 mètres, des tonnes de terre sont déversées. Mais régulièrement, les vagues creusent le sable et, à chaque fois, il faut tout recommencer. Coût du chantier : 20.000 euros.
"La nature est plus forte que nous. Revenez voir au printemps prochain, vous verrez que le travail qui a été fait là n’aura servi à rien", affirme un habitant, fataliste. "Moi, ça me fait peur de voir ça. J’ai l’impression que tout s’en va petit à petit", souffle une autre. Après le passage des dernières tempêtes, l'érosion s'est accélérée. Mais surtout, les plages ont été abîmées.
"Ces tempêtes ont abaissé le profil de plage, explique Stéphane Costa, enseignant-chercheur en géographie à l’université de Caen (Calvados). Comme il y a moins de sédiments, les plages sont beaucoup plus vulnérables aux futures fortes houles. C’est-à-dire qu’elles ne pourront plus jouer leur rôle de tampon protecteur contre l’assaut des houles." Dit autrement : lors d'une prochaine tempête, les vagues pourraient aller plus loin, franchir les digues et inonder certaines communes.