Dans la course contre-la-montre écologique, les scientifiques s'appuient de plus en plus sur les satellites pour comprendre l'évolution des phénomènes météo.Un domaine où l'Europe est à la pointe : un appareil sur cinq sert aujourd'hui à l'observation climatique.Près de Cannes, un site s'attelle à préparer des satellites ultra-précis, qui partiront bientôt en orbite.
Pour pénétrer dans ce bâtiment sécurisé, la tenue blanche, la charlotte et les gants sont de rigueur. Dans la banlieue de Cannes, une vingtaine de satellites liés à l'observation de la Terre ont été assemblés depuis 40 ans par le fabricant Thales Alenia Space dans un immense hangar, où des dizaines de scientifiques s'activent autour des appareils, avec la plus grande attention. Le moindre cheveu, la moindre poussière peut vite entraîner une catastrophe.
"Un satellite, c'est comme un petit bébé, il doit être bien protégé, sans qu'aucun élément ne vienne perturber le fonctionnement électronique", glisse Vincenzo Costabile, dans le reportage du 20H de TF1 en tête d'article. Il est le responsable du projet Sentinel-1C, le prochain appareil à partir en orbite. Ce petit bijou technologique, recouvert d'une toile orange brillante, est capable de tout voir : il analysera la couche d'ozone, les océans et les forêts 24 heures sur 24, avec une précision redoutable. "Avant, les satellites pouvaient observer avec un détail de quelques kilomètres. Maintenant, on arrive à quelques mètres, parfois seulement des centimètres", explique l'expert.
Prévoir aussi l'évolution de "phénomènes locaux et violents"
Pour mettre au point ces petites merveilles, cela nécessite entre six et dix ans de travail. Elles sont testées dans un large caisson thermique circulaire, qui reconstitue l'environnement spatial, avec des températures allant jusqu'à -150 degrés. Ces satellites sont aujourd'hui un allié de poids pour les scientifiques : plus de la moitié des mesures sur l'évolution du climat, comme le trou dans la couche d'ozone et le niveau des océans, ne sont observables que depuis l'espace.
Mais au-delà d'informer sur l'état de notre planète, la multiplication des données a aussi un autre objectif. "On veut prédire ce qu'il se passera demain, mais aussi dans une demi-heure, une heure, lors de phénomènes locaux et violents", explique Yvan Baillon, directeur des affaires européennes chez Thales Alenia Space. L'objectif : "mettre en sécurité les infrastructures et les êtres humains, et ainsi permettre de sauver des vies", souligne-t-il.
À l'heure actuelle, on compte près de 10.000 satellites au-dessus de nos têtes, tout autour du globe. Avec une durée moyenne de vie de huit ans, les experts estiment que la moitié d'entre eux ne sont déjà plus actifs. À l'échelle de l'espace, nous n'assistons pas encore à un grand embouteillage, mais la question des débris des satellites se pose, et la France est en pointe sur le sujet.
Sabrina Andiappane, responsable de l'innovation au sein du groupe, travaille sur des outils révolutionnaires, notamment Robby, un bras destiné à partir un jour dans l'espace, capable de s'accrocher aux satellites, les ravitailler, les réparer et prolonger leur durée de vie de plusieurs années. "On a voulu aller très vite, conquérir l'espace, donc on a envoyé des missions sans forcément réfléchir à ce que serait le futur", regrette-t-elle. "On pourrait maintenant imaginer des missions plus innovantes, pour ne pas laisser l'espace devenir une poubelle."
Les chercheurs travaillent aussi sur de nouvelles générations de satellites capables d'accueillir des innovations, par exemple un module qui limitera les débris en permettant à la machine de se détruire dans l'atmosphère en quelques jours, alors qu'aujourd'hui, cela nécessite plusieurs années aujourd'hui. Le défi à relever est d'ampleur : ne pas reproduire dans l'espace les erreurs faites sur la Terre.
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