Eucalyptus, l’arbre qui enflamme le Portugal

Publié le 18 septembre 2021 à 20h27, mis à jour le 18 septembre 2021 à 23h25

Source : JT 20h WE

Le Portugal mise tout sur un or vert qui recouvre aujourd'hui un quart de ses forêts du pays. L’eucalyptus est ensuite transformé en pâte à papier. Une source de richesse inestimable pour le pays.

Avec sa silhouette fine et élancée, il semble vouloir toucher le ciel. L’eucalyptus culmine à plus de 20 mètres de hauteur. Voici peut-être l'une des seules choses qui dépassent ces cimes au Portugal : les gigantesques usines où l’arbre est transformé en pâte à papier. Une source de richesse inestimable pour le pays. Le Portugal est le 3ème plus gros producteur européen de papiers. L'usine dans le reportage ci-dessus est l'une des plus grandes et des plus modernes du continent. Elle produit chaque année 400 000 tonnes de papiers, dont la quasi-totalité part à l'exportation. Pourtant, il nous sera impossible de franchir ses portes.

L'exploitation de l'eucalyptus est un sujet sensible au Portugal. L'arbre est particulièrement inflammable. Beaucoup le considèrent responsable de la propagation des monstrueux incendies de 2017, qui avaient tué plus de 100 personnes. Pour éviter qu'un tel scénario ne se reproduise, l'industrie du papier emploi des pompiers privés pour protéger ses parcelles : 450 hommes sur tout le territoire. Ce jour-là, cette unité de la région de Porto réalise un entraînement grandeur nature. “Cet exercice est fondamental pour qu'on soit totalement opérationnel en conditions réelles. Le plus compliqué pour nous, c'est quand on doit intervenir sur des domaines privés mal entretenus avec beaucoup de végétation laissée à l'abandon. Là, le feu peut vite devenir incontrôlable".

L'eucalyptus importé d'Australie repousse très vite. Son exploitation est donc particulièrement rentable. Il recouvre aujourd'hui un quart des forêts du pays. Le gouvernement portugais a dû prendre des mesures. “Depuis les incendies de 2017, une loi empêche d'augmenter les surfaces consacrées à la plantation d'eucalyptus”. Un contrôle insuffisant pour Miguel, membre du parti écologiste portugais. Il observe depuis des années la transformation des paysages et met en garde face à une autre menace. “La monoculture d'eucalyptus est un désastre pour les autres espèces. Des végétaux disparaissent et avec eux les animaux qui se nourrissaient ou s'abritaient avec ces plantes. Nous avons considérablement perdu en biodiversité”.

Pour lui, la solution serait de replanter à la place de l'eucalyptus d'autres espèces comme le chêne. “Déjà, c'est un arbre qui résiste bien mieux aux incendies, donc, nos forêts seraient moins vulnérables. Puis, il est très important pour l'équilibre des écosystèmes”. Mais il le sait, difficile de lutter contre une filière qui génère plus de deux milliards d'euros chaque année.


La rédaction de TF1info

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