Glyphosate : un crédit d’impôt pour les agriculteurs qui renoncent à l'herbicide controversé

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Publié le 20 mai 2021 à 16h18, mis à jour le 21 mai 2021 à 14h15

Source : TF1 Info

EXPLOITATIONS - La Commission européenne a donné son feu vert à la France pour un crédit d’impôt à destination des agriculteurs qui décident de renoncer au glyphosate. Une bonne nouvelle ?

La Commission européenne a donné son feu vert au gouvernement français pour mettre en place un "crédit d’impôt glyphosate". Présentée fin décembre 2020 par le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Julien Denormandie, sous forme d’amendement au projet de loi finances pour 2021, cette mesure octroie ainsi un crédit d’impôt de 2500 euros aux agriculteurs qui décident de renoncer au glyphosate. Elle s’applique non seulement aux secteurs des grandes cultures, de l’arboriculture et de la viticulture, mais également aux exploitations d’élevage présentes de manière significative dans au moins une de ces productions végétales. 

Le dispositif vient compléter les dispositifs d’aide prévus pour l’agriculture biologique et la certification Haute Valeur Environnementale avec lesquels il ne peut pas se cumuler. Ce régime d’aide "est donc pleinement opérationnel et permettra d’accompagner durablement les exploitations qui renoncent au glyphosate", a indiqué le ministère. Le ministre de l’Agriculture invite donc tous les agriculteurs qui peuvent s’en saisir. 

Sans solution alternative, ce n’est pas possible d’arrêter totalement le glyphosate
Thierry Coué, vice-président de la FNSEA

Le président Emmanuel Macron s’était engagé en novembre 2017 dans un tweet pour une interdiction du glyphosate "au plus tard dans trois ans". En décembre 2020, il avait reconnu ne pas avoir réussi à tenir sa promesse, plaidant un échec collectif. Ce mardi 18 mai, dans une vidéo de questions-réponses aux agriculteurs, diffusée en clôture d’un colloque sur la souveraineté alimentaire, le chef de l'État a rappelé la nécessité, "quand on se bat par exemple sur l’environnement (...) de le faire au niveau européen pour ne pas pénaliser la ferme France face aux Espagnols, aux Italiens ou à d’autres". 

Pour Thierry Coué, vice-président de la FNSEA, sollicité par LCI, il s'agit d'une prise de conscience de l’État français et de l’Europe. "C’est un constat de l’État que représente le problème économique d’arrêter le glyphosate", dit-il. Selon lui, c’est une bonne chose de ne pas interdire le glyphosate du jour au lendemain. "L’interdiction brutale mettrait en péril l’agriculture française. Sans solution alternative, ce n’est pas possible d’arrêter totalement le glyphosate", poursuit-il. 

Le vice-président de la FNSEA ajoute que le glyphosate est très peu utilisé en France, uniquement en intercultures. De fait, certains agriculteurs s’en passeront plus aisément que d’autres. "Ce peut être plus facile de s’en passer pour des systèmes en prairies où il y a très peu de rotations de cultures", dit-il. L’arrêt du glyphosate a donc des inconvénients, principalement financiers : le crédit d’impôt de 2500 euros "n’est pas une réponse pour tout le monde, car si on retire le glyphosate, il y aura forcément des pertes de rendement et l’invasion de plantes indésirables. On ne peut pas tout le temps s’en passer", explique-t-il. À cela, s'ajoutent "plus de passages d’outils et une plus grande consommation de carburant" : "C’est plus contraignant. Ce n’est pas une réponse aux carburants fossiles. On passe plus de temps sans glyphosate", ajoute-t-il. 

En d'autres termes, Thierry Coué pense que les agriculteurs pouvant arrêter le glyphosate le feront, mais "aujourd’hui, on n’a pas de solution alternative au glyphosate".  

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