Herbicide : faut-il interdire le S-métolachlore ?

par La rédaction de TF1info | Reportage M. Brossard, N. Clerc
Publié le 3 avril 2023 à 9h33

Source : JT 20h WE

Le recours à l'herbicide S-métolachlore ranime le débat sur la transition écologique.
Les autorités sanitaires françaises ont préconisé son interdiction.
Mais le ministère vient de demander un délai au nom de la survie économique des producteurs concernés.

Pour que ses petits pois germent, Louis Thomassin utilise l'herbicide S-métolachlore. Cet agriculteur explique ne pas avoir d'autres solutions économiquement viables pour que ses légumes et ses maïs ne soient pas dévorés par les mauvaises herbes. "Si on ne mettait pas ce produit, d'autres plantes auraient poussé avec mes petits pois et seraient rentrées en concurrence avec. Elles auraient soit bloqué la croissance, soit freiné le rendement", précise le cultivateur à TF1, dans le reportage visible en tête de cet article.

Mais les scientifiques ont découvert qu'une fois dans le sol, ce pesticide, classé cancérigène suspecté, se décompose puis s'infiltre dans les eaux souterraines. Des résidus se retrouvent donc progressivement dans l'eau du robinet.

Une décision de l'Anses annulée par le ministre

Alors, il y a quelques semaines, l'Agence nationale de sécurité sanitaire alimentaire acte l'interdiction de ce produit : "l'Anses engage la procédure de retrait des principaux produits phytopharmaceutiques à base de S-métolachlore", indique alors l'organisme. Mais devant les agriculteurs réunis en congrès cette semaine, le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, s'oppose à cette interdiction. "L'Anses n'a pas vocation à décider de tout, tout le temps, en dehors du champ européen et sans jamais penser les conséquences pour nos filières", explique-t-il.

L'Europe devrait interdire ce pesticide à tous les pays membres d'ici un an. En France, un délai de 6 à 12 mois permettra aux agriculteurs d'écouler leurs stocks et de trouver une solution alternative. Mais les professionnels redoutent d'être privés de ce produit avant leurs voisins européens, et donc de perdre leur compétitivité.

En attendant, 3,5 millions de Français reçoivent une eau du robinet dépassant les seuils réglementaires de résidus de cet herbicide. Plusieurs associations se préparent à porter plainte contre l’État. Une plainte qui, selon plusieurs experts que nous avons contactés, a de bonnes chances d'aboutir.


La rédaction de TF1info | Reportage M. Brossard, N. Clerc

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