"Il y a de fortes chances qu'ils meurent" : la longue traque des loups Alpha en cavale depuis la Tempête Alex

par Léa LUCAS
Publié le 18 décembre 2020 à 21h18, mis à jour le 21 décembre 2020 à 12h30

Source : TF1 Info

GUET-APENS - La tempête Alex qui a balayé les Alpes-Maritimes début octobre a eu des répercussions dévastatrices sur le Parc Alpha où vivent des loups en captivité, huit d'entre eux s'étant alors évadés. Des équipes sont mobilisées jour et nuit pour retrouver les cinq qui sont encore dans la nature.

Quelques jours après la tempête Alex qui a balayé l'arrière-pays niçois début octobre, huit loups s'étaient échappés du Parc Alpha. Certains sont des loups blancs arctiques, d'autres des loups noirs canadiens. Nés en captivité, tous sont incapables de survivre en milieu sauvage. Pourtant, ils errent depuis plusieurs semaines dans la nature en quête désespérée de nourriture. 

Trois d'entre eux ont déjà été retrouvés, mais l'inquiétude reste grande pour l'Office français de la biodiversité (OFB) en charge de retrouver les cinq autres. "Les loups peuvent mourir de faim. Les derniers capturés étaient très maigres donc si on n'arrive pas à les capturer, avec le froid et la neige qui arrivent, il y a de fortes chances que les loups meurent", alerte Eric Hansen, directeur régional de l'OFB. 

Sur les traces du loup Khan

Sous l'œil des caméras du Parc national du Mercantour, l'un de ces animaux, le loup Khan, a donné signe de vie. "La bonne nouvelle, c'est qu'il est dans le coin", note Eric Hansen, soulagé, dans le reportage de TF1 en tête de cet article. Cependant, il boite. "Ce n'est pas bien pour lui, mais ça peut être un avantage pour nous. Ce qui serait bien, je pense, c'est de faire un affut à la limite du croisement. On va essayer de le coincer", affirme-t-il. 

Comment préparer cette éventuelle capture ? En installant tout d'abord des pièges photographiques un peu partout dans le parc pour prendre des photos des animaux. L'appareil a été efficace puisque la présence de Khan a bel et bien été détectée dans les parages. La même nuit, le passage d'un loup sauvage deux fois plus imposant a également été enregistré. 

Les déplacements de l'ensemble de ces loups sont guidés par la faim. Les agents du parc établissent donc des zones de nourrissage. Non seulement pour les alimenter, mais aussi pour les contenir dans des secteurs précis. "C'est de la viande qui est un peu pourrie mais ça leur permet d'avoir l'odeur. En fait, en mettant de l'odeur sur les herbes, ça leur permet de sentir la nourriture comme ils en ont l'habitude. Il n'y a plus qu'à attendre et voir ce que ça donne", explique un agent du parc.

Fusil et flèches anesthésiantes

A la nuit tombée, le guet-apens des équipes sur place est fin prêt. Un premier binôme circule et observe toute la vallée en longeant la rivière. "L'avantage de circuler dans une voiture dans une vallée d'une dizaine de kilomètres, c'est de multiplier les chances de rencontrer l'animal. On va aller au plus haut où il a été observé, puis on fera des allers et retours dans la soirée", indique Benoît Labigand, un autre agent du parc national du Mercantour. 

La seconde équipe est fixe. Le loup doit être endormi pour être pris en charge, à l'aide d'un fusil et de flèches anesthésiantes. "Cela l'immobilise à peu près une dizaine de minutes. La difficulté, c'est qu'on ne peut pas allumer. Il faut que le loup soit à une distance proche pour tirer", note Régis Roy, agent de l'OFB. 

Equipé de jumelles à vision nocturne, ce dernier devient les yeux de son coéquipier Thierry, en charge de tirer. Après avoir disposé quelques morceaux de viande dans les environs, ils sont prêts à attendre toute la nuit. "A partir de maintenant, on se met dans le véhicule. On ne fait plus aucun bruit. On éteint la lumière. Mon collègue regarde avec l'intensificateur de lumière. S'il le signale, il allume et moi je tire", poursuit-il.

"L'ambiance ici est assez incroyable, chuchote le journaliste David Salmon qui les accompagne dans cette aventure polaire. La température vient de descendre en dessous de zéro puisque la portière du tireur doit rester ouverte. Cela peut durer des heures, toute la nuit, sans aucune certitude de voir le loup." 

De longues heures ont défilé mais, en effet, le loup n'a pas pointé le bout de son nez. Les agents du parc ont passé plus de vingt nuits similaires à celle-ci depuis le début de l'opération. Ce dispositif a tout de même suscité quelques réjouissances, notamment avec la capture de la louve Elie. Celle-ci se porte bien et a trouvé refuge dans le sanctuaire des loups dans les Deux-Sèvres. Il ne reste plus qu'à espérer que le sort réservé aux cinq autres loups en cavale soit identique d'ici peu. 

Écoutez le dernier épisode d'Impact Positif dans lequel Pablo Servigne nous parle son livre "Aux origines de la catastrophe, pourquoi en sommes-nous arrivés là ?"

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Cinq ans après la sortie de son livre « Comment tout peut s’effondrer », Pablo Servigne se justifie encore : « L’objectif n’a jamais été de faire peur à tout le monde ou de prouver que tout est foutu, bien au contraire », écrit-il dans son dernier opus, publié aux Liens qui Libèrent avec la revue Imagine Demain Le Monde. Il a également répondu aux reproches qui lui avaient été faits, dont celui de ne pas parler des causes des effondrements.


Léa LUCAS

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