UN AIR IRRESPIRABLE - En Oregon, comme sur toute la côte ouest américaine, les incendies font toujours rage. Les fumées enveloppent même les villes : celle de Portland est actuellement considérée comme la plus polluée au monde.
Ce mardi matin, les rues de Portland semblaient émerger de la brume : on n'y voyait guère qu'à une centaine de mètres. Il s'agissait pourtant bien des fumées générées par les incendies dans des proportions gigantesques. Les volumes sont tels que la ville de l'Oregon est considérée ce mardi comme la plus polluée au monde, selon le classement du site IQair
Les passants sont rares et pressés, l'air saturé incommode tout le monde. Toux, nausées, maux de tête, cela fait plusieurs jours que les habitants de cette ville, la plus importante de l'Etat, subissent les effets des fumées.
Parfois, c'est tellement enfumé qu'on ne peut même plus respirer.
Lorain Magee, habitante de Portland
Traversant son quartier comme une ombre, Lorain Magee a bien été obligée de sortir son petit chien Charlie... Elle juge la gravité de la situation : "Parfois il y a tellement de fumée qu'on dirait du brouillard... et parfois c'est tellement enfumé qu'on ne peut même plus respirer."
Lorain, de son côté, fait partie des catégories de population dont les autorités aimeraient qu'elles restent chez elles : les personnes âgées, comme les enfants, subissent plus durement l'effet d'asphyxie, et l'absorption des particules fines. Les autorités et les services météo appellent d'ailleurs de concert tous ceux qui n'y sont pas obligés à éviter de sortir de chez eux.
One of our @NWS_IMET_OPS took this photo yesterday outside of Springfield, OR. Check out just how dense that fog really is! Today is similar with thick fog & smoke blanketing the area. We remind you all to please stay safe, stay well & turn to emergency managers for safety info. pic.twitter.com/xAPZNH09Ba — NWS Portland (@NWSPortland) September 14, 2020
L'Oregon sortait à peine de plusieurs mois d'un confinement dû au Covid-19, et très prudemment : de nombreuses restrictions affectaient encore la vie quotidienne, comme l'interdiction des rassemblements de plus de 10 personnes ou la fermeture des jardins publics. Le nuage de fumée qui enveloppe désormais les habitants est donc vécu comme une contrainte de plus, qui les prive des rares instants de liberté dont ils jouissaient.
Ainsi Zoe Flanagan, qui elle aussi promène ses chiens, constate avec fatalisme que les petits moments de liberté dans l'intimité des jardins, que tout le monde attendait comme un soulagement, sont désormais impossibles : "On doit continuer à s'habituer à voir disparaître ce qui nous paraissait normal. Maintenant, il y a une nouvelle normalité. Et je pense que le Covid nous a déjà appris à continuellement réajuster ce que l'on attendait de l'existence."
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Pour les commerçants de Portland, c'est aussi un gros coup dur. L'activité reprenait à peine, les habitants de la ville retrouvaient la route des bars et des restaurants. Mais les fumées interdisent les terrasses et contraignent de fait à une nouvelle fermeture. Dans les boutiques, les clients sont rares, la reprise espérée attendra.
Tout le monde ici espère maintenant la pluie. Attendue ce matin, elle devrait finalement arriver jeudi. Elle permettrait de ralentir la progression des flammes et de disperser les fumées. Si elle est assez abondante pour cela...