Chaque année, entre 20.000 et 25.000 tonnes de mégots de cigarette, soit deux fois le poids de la Tour Eiffel, sont jetés en France.Pour lutter contre cette forme de pollution, des ingénieurs ont mis au point des filières de recyclage étonnantes.
Une deuxième vie pour les anciennes cigarettes. Dans un atelier du nord de la France, ce sont des doudounes sans manche qui sont confectionnées. Environ 60 chaque semaine. Leur particularité ? Ce sont des mégots de cigarette recyclés qui constituent la matière première utilisée pour le rembourrage. À l'intérieur de chaque veste, il y en a 4500.
Il y a deux ans, Julien Paque, a eu l'idée de les transformer en fines plaques. Cet ingénieur, fondateur de "Tchaomegot", s'est rendu compte que la fibre du mégot se révélait être un excellent isolant. "C'est de l'acétate de cellulose. C'est une matière que l'on utilise déjà pour isoler les combles de maison, par exemple. Elle tient très chaud", détaille-t-il dans le reportage du 20H de TF1 en tête de cet article. Ces vêtements d'un nouveau type sont vendus 95 euros aux particuliers.
En plus de ces vêtements, la firme tricolore fabrique aussi des panneaux d'isolation pour le bâtiment. Toujours à partir des mégots.
Des processus de décontamination écologiques
Ces nouveaux objets ne sentent rien. Avant d'y être incorporés, les mégots sont entièrement nettoyés et dépollués dans un atelier près de Beauvais. Dans un premier temps, ils sont dépiautés pour y enlever les résidus de tabac. Ils sont ensuite insérés dans une machine qui extrait tous les polluants capturés lors de l'usage de la cigarette, comme la nicotine. À la fin du processus de traitement, labellisé par le ministère de la Transition écologique et au cours duquel aucun produit chimique n'est utilisé, l'objectif est d'avoir une fibre propre et réutilisable. Par ce biais, ce sont pas moins de huit tonnes de mégots qui sont recyclées par Tchaomegot.
L'entreprise n'est pas la seule sur ce marché, en plein développement. En Bretagne, dans une usine bien plus grande, une toute autre technique de dépollution a été adoptée. Cette fois, les mégots sont plongés dans des cuves d'eau. "Si vous mettez un mégot dans un verre d'eau, le liquide devient marron au bout de quelques secondes. La plupart des molécules s'éjectent au contact de l'eau. Nous utilisons la même technique", à plus grande échelle, explique Bastien Lucas, dirigeant de "Mégo!" au micro du 20H de TF1. Dans la foulée, l'eau est, elle-même, dépolluée grâce à des argiles puis réutilisée pour d'autres cycles.
Une fois propre, la fibre plastique du mégot peut être transformée en beaucoup de choses. Elle peut, par exemple, être compressée à très haute température pour en faire des plaques de mobilier urbain (poubelles, bancs, cendriers...). L'ensemble du processus est certifié par des laboratoires de toxicologie.
Au total, près de 50 tonnes de mégots sont valorisées en France tous les ans grâce à ces différentes techniques. Mais cela ne représente que 0,2% de ceux jetés dans la nature chaque année.