ENVIRONNEMENT - Sources essentielles d'oxygène dans les fonds marins, les herbiers de posidonie sont menacés par les nombreux plaisanciers qui jalonnent la Méditerranée. Pour les préserver, la police des mers joue la carte de la pédagogie.
Pêcheurs, pilotes de bateaux, mairies : il y a un an, sur la côte d'Azur, la préfecture maritime avait prié tout ce petit monde de s'entendre, avant de prendre prochainement des arrêtés d'interdiction de mouillage des navires de plus de 24 mètres sur certaines portions du littoral. "Ca s'appliquera l'été prochain", a assuré lors d'un point presse jeudi 13 août à Cannes le préfet maritime, le vice-amiral Laurent Isnard, et les contrevenants s'exposeront à des amendes pouvant aller jusqu'à 150.000 euros, un an de prison, une saisie du bateau et une interdiction des eaux territoriales françaises.
L'objectif : assurer la sauvegarde des herbiers de posidonie abîmés par les super-yachts quand ils jettent l'ancre près du rivage. Ces prairies sous-marines repoussent si lentement (quelques centimètres par an) qu'à Villefranche-sur-Mer, l'impact des bombardements de la Seconde guerre mondiale reste visible 75 ans après. Ces herbiers servent d'habitat à de nombreuses espèces, protègent de la houle et de l'érosion côtière et il est même interdit de les ramasser quand ils échouent en bancs grisâtres sur les plages : depuis 1988, c'est d'ailleurs l'une des cinq espèces protégées de Méditerranée.
L'herbier de posidonie a diminué de 30%
Pour autant, personne n'a envie de faire fuir le yachting, pourvoyeur de précieux emplois, de redevances portuaires et d'une clientèle en or pour les commerces et restaurants locaux. Ainsi, dans le golfe de Saint-Florent, en Corse, la police des mers a décidé de privilégier la pédagogie plutôt que la répression. "C'est une mission importante, mais il y a également des missions de sensibilisation. Aujourd'hui, on va à la rencontre des gens pour leur dire qu'on ne peut pas faire n'importe quoi et qu'ensemble on doit absolument limiter notre pression sur la nature", explique Eric Hansen, le directeur de l'Office français de la biodiversité (OFB), au 20h de TF1.
Un outil permet également de jeter l'ancre sans risque pour l'environnement, et dans le respect de la loi, c'est l'application Donia. Elle offre un rendu cartographique enrichi en intégrant la nature des fonds, la réglementation en mer, les images satellites, des points d’intérêt, et de nombreux sites particuliers (sites de plongée, ports, mouillages, photographies sous-marines, observations des utilisateurs de l’application).
A cette opération de sensibilisation s'ajoute la mission scientifique Andromède. Les plongeurs, des biologistes marins répertorient et analysent par l'image les espèces qui se développent entre 50 et 120 mètres de profondeur. "On fait l'inventaire systématique du corail rouge, des langoustes, des mérous, toutes ces espèces un peu emblématiques qui ont une valeur d'ambassadeurs, et ça donne une idée de la richesse des lieux et de leur état de santé", souligne le biologiste et photographe naturaliste Laurent Ballesta.
En moins de 50 ans, l'herbier de posidonie a diminué de 30%. Tandis que les récifs où se développent la faune et la flore se détériorent à la même vitesse. Ces opérations de police, mais aussi scientifiques, ont donc de beaux jours devant elles.
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