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Un temps "pourri" au mois d'avril ? Non, vous êtes juste victime du "syndrome du référentiel glissant"

Publié le 2 mai 2023 à 15h30
JT Perso

Source : JT 20h Semaine

Le mois d'avril a été très proche des normales de saisons.
Pourtant, certains estiment qu'il a été particulièrement pluvieux et frais.
Des personnes victimes du "syndrome du référentiel glissant".

Non, avril n'a pas été "pourri" dans l'Hexagone. Alors que certains estiment que le mois qui vient de se terminer a été particulièrement pluvieux et maussade, la réalité est tout autre. Pour la première fois depuis mai 2022, le mois d'avril a en réalité été très proche de la moyenne, Météo-France pointant "un mois [qui] n'aura pas laissé une belle impression" alors que les températures "ont été normales pour la saison"

Avril s'est donc terminé "avec une température moyenne d'environ 11,8°C à l'échelle de la France, comme le mois d'avril 2022". Il a été "très proche de la normale (+0,1°C)" avec des minimales et des maximales "qui ont oscillé autour de la normale, sans épisode de gelées tardives, contrairement à avril 2022 ou avril 2021"  et avec une "pluviométrie proche de la normale", pointe l'organisme. Alors pourquoi cette mauvaise impression ? Les Français sont en réalité victimes du "syndrome du référentiel glissant".

Trompés par des mois d'avril trop chauds

Le terme est apparu en 1995 et a été théorisé par le biologiste marin Daniel Pauly, pointe Reporterre. Il fait référence à la perception des citoyens qui varie dans le contexte du changement climatique dû aux activités humaines, alors qu'ils oublient ce qu'est la norme et font de la hausse des températures ou de la perte de biodiversité leur nouvelle réalité. Ainsi, ce mois d'avril intervient après 11 mois consécutifs avec des normales bien au-dessus des températures habituelles (jusqu'à +3,5°C en octobre ou encore +2,4°C en mai 2022). 

Par ailleurs, hormis l'an passé, les dernières années ont été marquées par des mois d'avril particulièrement chauds, selon les chiffres de Météo-France. Si entre 1971 et 1994, les températures ont rarement été au-dessus des normales de saison, la tendance s'est largement accélérée depuis les années 2000 avec un mois d'avril 2003 plus chaud de 1,7°C par rapport aux normales de saison. La situation s'est encore dégradée par la suite sous l'effet des gaz à effet de serre produits par l'activité humaine avec une multiplication des mois d'avril chaud : +4,3°C par rapport aux normales en 2007, +2,5°C en 2014, +2,2°C en 2015, +3,3°C en 2018 ou +3,6°C en 2020.

Ed Hawkins

L'agroclimatologue Serge Zaka pointe ainsi sur Twitter que les Français ont été "trompés par des mois d'avril précédents trop chauds". Et la tendance ne devrait pas s'inverser puisque Météo-France prévoit déjà des mois de mai, juin et juillet plus chauds que la normale en France.

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Au-delà de ce mois d'avril, le syndrome du référentiel glissant - aussi appelé amnésie écologique - représente un potentiel danger dans la lutte contre le réchauffement climatique provoqué par nos émissions de gaz à effet de serre. Chaque génération grandissant avec un référentiel de plus en plus dégradé concernant la hausse des températures et la perte de biodiversité, la prise de conscience des limites à ne pas dépasser sur terre devient plus difficile et la prise de conscience sur l'érosion des conditions de vie moins évidente.


Annick BERGER

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