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VIDÉO - Navire de marchandises : comment les géants des mers virent au vert

par Antoine LLORCA | Reportage TF1 : Pierre Gallaccio, Michael Merle
Publié le 28 septembre 2023 à 12h18

Source : JT 20h Semaine

Les navires de marchandises émettent autant de gaz à effet de serre que le transport aérien.
Pour remédier à cette problématique, certains armateurs commencent enfin à moderniser leurs flottes, pour qu’elles polluent moins.
Le 20H de TF1 vous explique.

Une muraille flottante. le CMA-CGM Patagonia est l’un des plus grands porte-conteneurs du monde. Plus l’on s’en approche, plus l’on se sent minuscule à côté. Et malgré ses 190.000 tonnes, le navire se déplace à 30 km/h pour livrer sa précieuse marchandise. Il transporte 12.500 conteneurs venus d'Asie dans lesquels on trouve de l'électroménager et du textile par exemple.

Il est affrété par l’entreprise française CMA-CGM, le numéro 3 mondial du transport maritime, avec plus de 600 cargos, dont une trentaine alimentée non pas au fioul mais au gaz naturel liquéfié. "Qu'on soit au fioul ou gaz, ça ne fait pas de différence pour la conduite du navire", nous explique Stéphane Auroy, commandant du porte-conteneurs CMA-CGM Patagonia.

20% de CO2 en moins

En revanche, cela élimine 90% des particules fines rejetées dans l’atmosphère. Et grâce au gaz naturel liquéfié, le navire émet 20% de CO2 en moins. Bien sûr, ce n’est pas encore la panacée, mais aujourd’hui, c’est ce qui pollue le moins. Exceptionnellement, nos équipes ont pu filmer le cœur battant du navire. Le moteur de 70.000 chevaux est 700 fois plus puissant que celui d'une voiture, un minimum pour faire avancer l’équivalent d’un immeuble de plus de 10 étages.

Et désormais, pour le faire tourner, le fuel n’est plus le roi. Depuis trois ans seulement, certains porte-conteneurs carburent au gaz. La cuve, qui fait 5 fois le volume d'une piscine olympique, est remplie à l'aide d'une barge chargée de gaz liquéfiée. Le gigantesque réservoir est une fois et demie plus grand que celui normalement. Il prend la place de 168 conteneurs et donc autant d'argent. "Ces 168 conteneurs sont à ramener aux 15.000 que peut transporter le bateau. Oui, on perd un petit peu mais pour gagner beaucoup plus sur le nombre de CO2 émis par conteneurs", nous explique Emmanuel Delran, vice-président en charge des opérations chez CMA-CGM.

Changer les trajets pour émettre moins

Pour consommer moins de carburant, cela se joue aussi au 12e étage du siège de la CMA-CGM à Marseille. Dans une salle équipée d'un écran gigantesque, tous les navires du groupe sont suivis en direct et leurs itinéraires sont modifiés pour leur permettre d'emprunter la route la moins polluante. Ce trajet plus vert est calculé en utilisant les vents, les courants et toutes les conditions météos rencontrés sur le parcours.

À l'avenir, plusieurs des navires vont être équipés d'un pare-brise géant pour améliorer l'aérodynamisme et donc de légèrement diminuer les émissions de CO2.

Mais pour vraiment flotter propre, les géants des mers vont devoir utiliser un carburant totalement nouveau. Un défi pas loin d'être relevé à une heure de route de Marseille. Ici, on mélange de l'eau, de l'électricité et du CO2 émis par une aciérie voisine pour créer un carburant vertueux. Comme vous pouvez le voir sur l'image ci-dessous, de l'hydrogène et du CO2 sont mélangés dans une machine pour fabrique du méthane de synthèse, le CH4.

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Problème, il faut une usine bien plus grande pour remplir le réservoir d'un porte-conteneurs. "Pour remplir la cuve d'un navire, il faudrait une usine 100 fois plus grande que celle-là", nous explique Sylvain Lemelletier, directeur et cofondateur du projet "Jupiter 1000" de GRT Gaz. De plus, il faudrait aussi des cuves ultra-sécurisées pour éviter tout risque de fuites. Cela nécessite des centaines de milliards d'euros d'investissement et un petit surcoût pour le consommateur. En passant aux énergies renouvelables, le prix du transport pour un produit de 150 euros par exemple passerait à 2 euros, au lieu d'un peu moins qu'euro actuellement, selon Christine Cabau Woehrel, vice-président exécutive de CMA-CGM.

Une transition vertigineuse certes mais il y a urgence. En effet, le fret maritime émet autant de CO2 que l'aviation et le nombre de conteneurs transportés pourraient doubler d'ici 2050.


Antoine LLORCA | Reportage TF1 : Pierre Gallaccio, Michael Merle

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